GRAND CONSEIL de la République et canton de Genève M 3007-B Date de dépôt : 7 mai 2025 Rapport du Conseil d’Etat au Grand Conseil sur la motion de Pascal Uehlinger, Céline Zuber-Roy, Pierre Nicollier, Jean-Pierre Pasquier, Francine de Planta, Philippe Meyer, Darius Azarpey, Natacha Buffet-Desfayes, Alexis Barbey, Joëlle Fiss, Vincent Subilia, Jacques Béné, Thierry Oppikofer, Yvan Zweifel, Adrien Genecand, Alexandre de Senarclens pour un soutien au projet de Futur collisionneur circulaire (FCC) du CERN En date du 1er novembre 2024, le Grand Conseil a renvoyé au Conseil d’Etat son rapport sur la motion 3007 (M 3007-A), motion qui a la teneur suivante : Le GRAND CONSEIL de la République et canton de Genève considérant : – les liens étroits qui unissent le Centre européen de recherche nucléaire (CERN) et le canton de Genève depuis près de 50 ans ; – la place enviable – et enviée – qu’a conférée à Genève l’implantation sur son territoire de ce centre de recherches mondialement reconnu qu’est le CERN ; – le poids du CERN dans la Genève internationale ; – les retombées considérables de cette présence pour notre canton, que ce soit sur le plan académique, de l’économie, de l’image et des finances notamment ; – le privilège de voir le nom de Genève associé à des découvertes telles que le boson de Higgs ; ATAR ROTO PRESSE – 80 ex. – 05.25 M 3007-B 2/6 – l’importance, en termes de géopolitique, de pouvoir conserver le développement de recherches fondamentales aussi capitales dans des pays aux solides valeurs démocratiques, invite le Conseil d’Etat – à manifester officiellement son soutien au projet de Futur collisionneur circulaire actuellement en phase d’étude par le CERN ; – à participer largement à l’information de la population genevoise sur le FCC, de manière à dissiper les craintes diffusées par certains milieux dont l’objectivité est loin d’être la principale qualité ; – à sensibiliser la population genevoise sur l’importance d’une telle démarche pour l’image de notre canton dans le monde. 3/6 M 3007-B RÉPONSE DU CONSEIL D'ÉTAT Depuis 70 ans, le Conseil d'Etat accompagne l’Organisation européenne pour la recherche nucléaire (CERN) dans son développement territorial. Ce laboratoire de recherche constitue un atout précieux et unique pour notre région. Il est un moteur du développement local en matière d'innovation, d'économie, de tourisme, d'éducation, de capital humain, d'infrastructures, d'industrie et de transfert de connaissances. Le CERN a été choisi par la communauté scientifique internationale pour étudier la faisabilité d’un Futur collisionneur circulaire (FCC) qui servirait aux futures générations des physiciens du monde entier. De nombreux critères plaident pour faire de notre région une candidate naturelle pour accueillir cette installation mondiale. Afin d’accompagner au mieux les nouveaux projets de développement territoriaux du CERN, et notamment le programme du FCC, le Conseil d'Etat a souhaité renforcer l’appui de l’Etat de Genève en créant une cellule de projet et de coordination dédiée au FCC. Celle-ci doit continuer d’offrir au CERN une interface à même de garantir des réponses réactives et priorisées conformément à ses besoins et au rôle de l'autorité hôte. De plus, un comité tripartite réunissant le CERN, les autorités françaises et suisses (dont le canton de Genève), a été mis en place afin d'offrir toute la visibilité nécessaire sur les étapes et les conditions de réussite de ce projet. Si la décision de construction est prise par le Conseil du CERN, le canton de Genève poursuivra son accompagnement afin de définir les conditions et procédures d’implantation en collaboration avec le CERN. Enfin, le Conseil d'Etat a souhaité obtenir un cadre fédéral conforté en sollicitant la mise en place d'un plan sectoriel dédié au CERN, qui devrait pouvoir aboutir d'ici la fin 2025. Ce plan sectoriel facilitera un alignement des positions fédérales et cantonales sur la validation des hypothèses d'aménagement du CERN en permettant un dialogue entre l'autorité compétente en matière de recherche et d'innovation ainsi que d'accueil des organisations internationales, à savoir le Conseil fédéral, et le territoire d'accueil, à savoir le canton de Genève. Les autorisations de construire fédérales qui devront découler de ce plan sectoriel (procédure d'approbation des plans) ne seront pas des procédures d'exception; elles seront encadrées par le droit fédéral en vigueur. M 3007-B 4/6 Le CERN a rendu en mars 2025 une étude de faisabilité pour le FCC comme le recommande la stratégie européenne pour la physique des particules. Cette étude propose une première approche des conditions de réalisation du point de vue financier, environnemental et territorial d'un accélérateur souterrain de 92 km sous les territoires genevois, de l'Ain de la Haute-Savoie et sous le Léman. La décision de poursuivre vers une phase d’étude plus avancée (projet), voire une éventuelle construction dans les années 2030, dépendra des résultats de l’étude de faisabilité FCC, de l’avis des Etats membres du CERN, dont les Etats hôtes, soit la France et la Suisse, ainsi que les partenaires impliqués dans la collaboration internationale. En mars 2026, la décision de poursuivre la réflexion sera prise par la communauté scientifique internationale. Le travail entre les autorités hôtes et le CERN va donc s'intensifier sur la période 2025-2028. Celle-ci doit permettre aux autorités hôtes dont le canton de Genève, de formuler les précisions attendues sur le volet territorial de l'étude rendue fin mars 2025, d'exprimer les points de vigilance sur les volets environnementaux, d'aménagement et d'association du public. Le cadrage du volet territorial attendu par le canton de Genève doit servir à l'évolution des hypothèses imaginées à ce jour par le CERN. Afin d'être validées, une vérification entre 2025 et 2028 de la compatibilité de ces hypothèses avec les lois et normes en vigueur sera effectuée par les services cantonaux et fédéraux compétents. Les hypothèses privilégiées devront être explicitées dans l'étude d'impact qui accompagnerait le dossier d'autorisation du CERN. Elles devront expliciter, selon la démarche Eviter – Réduire – Compenser, comment le CERN entend minimiser tout impact sur l'environnement, le cas échéant compenser la situation si une atteinte est nécessaire. Ce scénario devra également pouvoir prévoir une amélioration de la situation initiale à chaque fois que cela sera nécessaire. Ainsi, la phase de travail sur la période 2025 – 2028 va se décomposer de la façon suivante : Une première appréciation du rapport sur l’étude de faisabilité sera faite par le Conseil du CERN en novembre 2025. Le canton de Genève est associé à la rédaction de la position suisse, avec un rôle prépondérant sur le volet territorial, le volet recherche et innovation relevant davantage de la Confédération. 5/6 M 3007-B Jusqu'en mars 2026, l'accent sera mis essentiellement sur la validation du volet scientifique de l'étude afin de vérifier si l'infrastructure projetée a réellement un intérêt dans ce domaine. Parallèlement, le volet territorial de l'étude sera analysé, voire complété. Pour cela, une démarche de concertation sera portée par le CERN à compter du printemps 2026 afin d'associer la population aux propositions faites pour la réalisation du projet. Le canton de Genève et la Confédération sont particulièrement attentifs à la qualité de cette démarche, estimant qu'elle participe, notemment à répondre à deux invites de la présente motion. Il est attendu une décision des Etats membres du CERN, qui seront les principaux financeurs, en 2028, pour un démarrage des travaux pas avant 2033. Le travail de vérification et d'approfondissement des hypothèses territoriales qui va démarrer, permettra d'alimenter la démarche de concertation avec des chiffres plus précis que ceux de l'étude de faisabilité rendue fin mars 2025. De façon itérative, le résultat de la participation citoyenne permettra de faire évoluer les scénarios d'insertion territoriale. Ce travail réclamé par les Etats hôtes auprès du CERN doit reposer essentiellement sur les points de vigilance identifiés ces dernières années. Les principaux axes sont les suivants : – la gestion des matériaux excavés comme ressource et non comme déchets. Les principes actés à ce jour portent notamment sur la souveraineté. Le CERN est responsable de la valorisation et de la réutilisation de ces matériaux par pays de provenance. Un travail notamment sur les points d'extraction des terres et leur transport (itinéraire, modalités, etc.) doit donc être mené sur la période à venir; – l'utilisation des autres ressources : l'eau devant servir au refroidissement des machines, l'électricité, le sol, et notamment les sols agricoles classés en surface d'assolement, doivent voir leur consommation optimisée et leur réemploi favorisé; – les impacts socio-économiques et les synergies possibles : une meilleure visibilité des impacts, notamment positifs, doit être recherchée. La recherche de synergies au profit des territoires concernés est également un axe à développer sur la période à venir; – le dialogue territorial et la concertation doivent permettre d'évaluer l'acceptabilité du projet. M 3007-B 6/6 Il s'agit donc, ci-avant, des principaux axes de travail que le CERN doit mener avec le canton de Genève, la Confédération mais aussi la France sur la période 2025-2028, avec un premier résultat attendu en 2026 pour alimenter le processus de concertation avec le public. Il n'est pas impossible qu'à l'issue de ce travail, les premiers chiffres articulés lors de l'étude de faisabilité puissent être revus à la baisse. Ce projet s'inscrit dans un temps long, dont les principales étapes ont été présentées ci-dessus. Le Conseil d'Etat profitera de chacune d'entre elles pour apporter son soutien à ce projet, aux côtés des Etats hôtes et pour autant que les hypothèses de travail soient partagées de manière continue et transparente par le maître d'ouvrage. Au bénéfice de ces explications, le Conseil d’Etat vous invite à prendre acte du présent rapport. AU NOM DU CONSEIL D'ÉTAT La chancelière : Michèle RIGHETTI-EL ZAYADI La présidente : Nathalie FONTANET