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Résumé

### Résumé du Document Législatif 1. **Titre et Référence** - **Titre** : Proposition de motion : Société genevoise des écrivains : pour un soutien dans la durée - **Référence** : M 3042-A 2. **Objectif Principal** - L'objectif principal de la motion est de demander au Conseil d'État de rétablir une subvention annuelle de 10 000 francs à la Société genevoise des écrivains (SGE) et d'encourager le développement de partenariats pour soutenir ses activités. 3. **Modifications Législatives Proposées et Leur Portée** - La motion propose de : - Revoir la position du Conseil d'État concernant l'aide à la SGE, en reconnaissant son rôle complémentaire avec d'autres institutions culturelles. - Poursuivre le soutien à la SGE par une convention annuelle d'un montant de 10 000 francs, avec la possibilité d'augmenter ce montant. - Encourager la SGE à diversifier ses sources de financement tout en maintenant le soutien public. 4. **Discussions ou Avis Exprimés dans le Document** - **Rapport de Majorité** : Présenté par Marc Falquet, il soutient la motion en soulignant l'importance historique et culturelle de la SGE, ainsi que son rôle dans la promotion de la littérature genevoise. Il critique la réduction des subventions et appelle à un respect des engagements pris lors du transfert de la politique du livre au canton. - **Rapport de Minorité** : Présenté par Alexandre de Senarclens, il soulève des préoccupations sur la nécessité de la subvention, suggérant que la SGE pourrait ne pas être suffisamment pertinente dans le paysage culturel actuel et que le financement devrait être réorienté vers d'autres priorités. 5. **Implications Principales de ce Projet** - Le rétablissement de la subvention pourrait renforcer le soutien à la création littéraire à Genève et assurer la pérennité des activités de la SGE, tout en envoyant un signal positif au secteur culturel. En revanche, la non-acceptation de la motion pourrait entraîner des conséquences financières négatives pour la SGE et nuire à la visibilité des auteurs genevois.

Texte extrait

GRAND CONSEIL

de la République et canton de Genève

M 3042-A

Date de dépôt : 4 août 2025

Rapport

de la commission de l’enseignement, de l’éducation, de la culture
et du sport chargée d’étudier la proposition de motion de JeanLouis Fazio, Jacques Jeannerat, Francisco Taboada, Marc
Saudan, Vincent Canonica, Masha Alimi, Grégoire Carasso,
Sylvain Thévoz, Jean-Charles Rielle, Nicole Valiquer Grecuccio,
Sophie Demaurex, Yves de Matteis, Christian Flury, Oriana
Brücker : Société genevoise des écrivains : pour un soutien dans
la durée
Rapport de majorité de Marc Falquet (page 4)
Rapport de minorité de Alexandre de Senarclens (page 47)

ATAR ROTO PRESSE – 80 ex. – 08.25

M 3042-A

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Proposition de motion
(3042-A)

Société genevoise des écrivains : pour un soutien dans la durée

Le GRAND CONSEIL de la République et canton de Genève
considérant :
– la tradition plus que centenaire de la Société genevoise des écrivains (SGE),
fondée en 1853 en même temps que l’Institut national genevois ;
– son engagement pour « l’encouragement à la création littéraire, la défense
des écrivaines et écrivains et la protection de la liberté d’expression » ;
– sa contribution au rayonnement de Genève par la remise de prix littéraires
dédiés au théâtre, au roman, à la poésie, à l’essai. Des plumes d’or sont
également décernées à des écrivaines et écrivains. On peut citer entre
autres : Joël Dicker, Manon Pulver, Daniel Vouillamoz, Martin Rueff,
Dominique Ziegler, Eva Marzi, etc. ;
– son rôle dans la diffusion littéraire par l’organisation d’événements et de
manifestations visant à encourager la production d’auteures et auteurs, liés
et attachés à Genève ;
– l’organisation de six colloques littéraires suivis de la publication de cinq
volumes : le roman historique chez les écrivains genevois, le roman
fantastique et de science-fiction, l’amour dans la littérature genevoise,
l’engagement chez les écrivains genevois et le paysage parmi les écrivains
genevois. Toutes ces publications ont entièrement été financées par des
dons privés de particuliers ou de fondations, sans aucune subvention du
Fonds de l’aide à la publication ;
– ses conférences et ses soirées de lecture, qui ont permis la découverte de
plusieurs écrivaines et écrivains qui n’avaient pas encore publié le moindre
ouvrage tels Joël Dicker, Guillaume Rihs, Laurence Boissier ou Nadège
Reveillon ;
– la participation de la SGE à plusieurs manifestations régionales – Salon du
livre savoyard à Ripaille, Salon du livre de montagne à Passy, Fête du livre
à Saint-Pierre-de-Clages – ou cantonales – Salon du livre de Genève, Salon
des petits éditeurs, Fureur de lire, Fête de la poésie, Journée mondiale de la
poésie – au cours de ces 30 dernières années ;

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– la reconnaissance de l’importance de son activité par le soutien régulier de
la Ville de Genève pendant plus de 50 ans, puis dès 2017 par le canton à la
suite de l’adoption de la loi sur la répartition des tâches entre les communes
et le canton du 1er septembre 2016 ;
– la rupture de l’aide accordée par le canton de Genève passant de
10 000 francs à des aides dites « ponctuelles » de 4800 francs en 2021 et
6000 francs en 2022, puis à leur suppression ;
– la réponse du Conseil d’Etat du 12 mai 2023 en la matière à la QUE 1891
« Société genevoise des écrivains : quel avenir ? » invitant la SGE à
diversifier sa recherche de financement « étant admis qu’elle se trouve dans
une situation de concurrence vis-à-vis des autres actrices et acteurs
culturels de la place »,
invite le Conseil d’Etat
– à revoir sa position concernant l’activité de la SGE, considérant qu’elle agit
en complémentarité avec d’autres institutions et organismes culturels
reconnus, comme la Maison Rousseau et Littérature (MRL), la Fondation
Martin Bodmer, la Compagnie des mots, etc., lesquelles sont
subventionnées ;
– à appuyer cette synergie qui répond à une politique du livre et de la lecture
ambitieuse, que le canton rappelle à maintes reprises ;
– à encourager cette même politique dans la mise en œuvre de l’Initiative
pour la culture qui met au centre de ses objectifs le soutien à la création et
le rayonnement, la complémentarité et non la concurrence ;
– à poursuivre le soutien de la SGE par une convention à hauteur de
10 000 francs, voire plus, par année, à charge de la SGE de développer
d’autres partenariats, comme elle l’a toujours fait.

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RAPPORT DE LA MAJORITÉ
Rapport de Marc Falquet
La commission de l’enseignement, de l’éducation, de la culture et du sport
s’est réunie à trois reprises sous la présidence de M. Thierry Arn ainsi que de
Mme Francine de Planta. Les procès-verbaux ont été consciencieusement tenus
par Mme Alicia Nguyen. M. Nicolas Kerguen, secrétaire général adjoint au
département de la cohésion sociale, a assisté aux séances. Toutes ces personnes
sont vivement remerciées de la qualité de leur travail.
Présentation de la motion par M. Jean-Louis Fazio, auteur
M. Fazio explique que plusieurs députés ont été approchés par la Société
genevoise des écrivains (SGE), des auteurs, des fondations et des associations
comme la Maison Rousseau et Littérature (MRL), qui ont exprimé leur
étonnement face à la suppression de la subvention annuelle de 10 000 francs,
une somme relativement modeste pour l’Etat, mais accordée à cette société
depuis de nombreuses années. Bien qu’il ne veuille pas interférer dans la
politique d’attribution des subventions, il se sent interpellé par cette décision.
M. Fazio rappelle que la SGE a été fondée en 1853, en même temps que
l’Institut national genevois, dans une époque marquée par un renouveau
culturel et la créativité, après la Révolution conduite par James Fazy et une
période d’obscurantisme suite au départ des troupes napoléoniennes. La
société genevoise des écrivains a été créée par Henri-Fédéric Amiel, dont le
rapporteur rappelle les qualités reconnues d’écrivain, de poète et de professeur
en philosophie à l’Université de Genève.
M. Fazio mentionne que la SGE, dans ses statuts et sa pratique depuis
172 ans, œuvre pour encourager la création littéraire et protéger la liberté
d’expression, un sujet toujours d’actualité. Elle décerne des prix littéraires dans
plusieurs catégories, telles que le théâtre, le roman, la poésie et les essais. Des
plumes d’or sont décernées à des auteurs comme Joël Dicker, Manon Pulver et
Martin Rueff.
M. Fazio souligne que, contrairement à ce que certains députés mal
informés ont propagé, la SGE ne distribue pas d’argent en dehors des prix
qu’elle attribue. La SGE n’a pas les moyens financiers de le faire, et encore
moins si la motion n’est pas acceptée.

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M. Fazio poursuit en expliquant que la SGE s’attache à promouvoir la
diffusion littéraire par l’organisation d’événements, souvent en partenariat,
dans le but de mieux faire connaître des auteurs liés à Genève.
M. Fazio admet que certains pourraient affirmer qu’aucun auteur soutenu
par la SGE n’a remporté le prix Nobel de littérature, mais il compare cela à
toute autre forme d’art : il y a des « pépites » et des œuvres moins remarquées,
mais toutes méritent d’être valorisées. Il insiste sur le fait que la SGE contribue
à faire connaître les auteurs genevois à travers des conférences, des lectures et
d’autres événements, permettant ainsi de faire rayonner Genève
culturellement. La SGE participe également à de nombreux événements
régionaux, comme le Salon du livre, ancrant ainsi Genève dans une réalité
littéraire reconnue et appréciée.
M. Fazio résume en indiquant que la Ville de Genève a subventionné la
SGE sans problème pendant 50 ans. Ensuite, l’Etat a pris le relais depuis 2017,
après la loi du 1er septembre 2016 qui a transféré la politique du livre au canton.
Cependant, M. Fazio déplore que la subvention ait été réduite à 4600 francs en
2021, 6000 francs en 2022, et finalement supprimée. Il relève que l’Etat a
justifié cette décision en invitant la SGE à rechercher des fonds privés.
Cependant, lors de l’accord entre la Ville et le canton en 2016 pour
transférer la politique du livre à l’Etat, il était clairement stipulé que tous
les bénéficiaires de subventions devaient impérativement conserver leur
soutien financier, et qu’il était hors de question de supprimer ces
subventions. Il rappelle que des décisions similaires ont été prises dans le
secteur social, où un accord entre MM. Longchamp et Tornare a garanti la
continuité des subventions. Il exprime l’impression que l’office cantonal de la
culture semble avoir oublié cet engagement, ce qui ralentit le processus. Enfin,
il conclut qu’il est essentiel de respecter les décisions de l’exécutif et du
législatif prises en 2016 et il suggère de voter favorablement cette motion.
M. Fazio exprime son incompréhension et son indignation face à la
suppression de la subvention de 10 000 francs accordée à la SGE. Il considère
que c’est une décision ridicule et stupide, surtout pour une somme aussi
importante pour la SGE, et il se demande si cette suppression résulte d’une
volonté politique ou simplement d’une décision prise par un fonctionnaire
isolé, qui ne serait pas bien informé de la réalité culturelle genevoise.
M. Fazio souligne que la SGE a un représentant au conseil de fondation de
la Maison Rousseau, une autre institution culturelle, qui soutient également la
motion en faveur de la subvention.
M. Fazio résume la demande de la motion, qui est d’encourager l’Etat à
établir une convention avec la SGE, garantissant une subvention annuelle de

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10 000 francs, voire plus, et définissant clairement les partenariats et missions
attendus de la société littéraire.
M. Fazio insiste sur la gravité de cette suppression : elle n’est pas
seulement un coup dur sur le plan financier pour la SGE, mais aussi un mauvais
signal envoyé au monde de la culture. C’est un affront, surtout quand on
constate que l’argent voté chaque année pour l’office cantonal de la culture ne
manque pas.
Un commissaire (UDC) demande si la Ville de Genève était la seule à
financer la SGE avant 2017, ou si l’Association des communes genevoise
(ACG) y participait également.
M. Fazio précise que la subvention venait uniquement de la Ville de
Genève, à hauteur de 10 000 francs par an.
Une commissaire (PLR) demande des précisions sur la structure financière
de la SGE, car elle ne mesure pas bien l’impact que représente une subvention
de 10 000 francs pour l’organisation.
M. Fazio explique que la SGE compte environ 120 membres et deux
coprésidents. Chaque membre paie une cotisation annuelle de 70 francs, ce qui
génère environ 8000 francs de recettes de cotisations. Parfois, des dons sont
demandés pour financer des projets comme la publication de livres. La SGE
participe également à une dizaine de manifestations culturelles chaque année.
Ces dernières années, les membres du comité financent eux-mêmes certains
projets avec leur argent privé, étant donné que la SGE est une association.
M. Fazio souligne ainsi que la subvention de 10 000 francs a une
importance cruciale pour la SGE, non seulement d’un point de vue financier,
mais aussi pour son rôle dans le soutien à la culture et à la littérature
genevoises.
La commissaire (PLR) exprime son scepticisme face à la demande de la
subvention de 10 000 francs. Selon elle, étant une association, la SGE devrait
permettre un accès à ses comptes financiers. Elle trouve qu’il est un peu léger
de simplement venir demander cette somme sans une transparence claire sur la
gestion des fonds.
M. Fazio répond que la motion est une proposition politique et que c’est à
la commission ou au département de faire le nécessaire pour examiner la
situation plus en profondeur.
Ladite commissaire (PLR) s’interroge sur les raisons de la diminution de la
subvention.

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M. Fazio avoue qu’il ne sait pas exactement pourquoi la subvention a
diminué. Selon les informations fournies par le département, la SGE a été
invitée à chercher des fonds dans le secteur privé.
Une commissaire (Ve) rappelle que lors du transfert de la politique du livre
de la Ville de Genève à l’Etat en 2017, il avait été précisé que toutes les
subventions devaient être maintenues. Elle demande si cela a été formalisé par
une convention.
M. Fazio confirme qu’il s’agit d’une convention publique écrite entre la
Ville de Genève et le canton. Il recommande de demander cette convention au
département.
Un commissaire (UDC) revient sur le fait que le canton avait invité la SGE
à rechercher des fonds privés. Elle se demande si des démarches ont été
entreprises dans ce sens.
M. Fazio répond que des efforts ont été faits pour chercher des fonds privés,
mais ceux-ci n’ont pas abouti. Il suggère que la SGE soit auditionnée pour
clarifier la situation.
Un député (PLR) soulève une question sur le soutien apporté par la SGE
aux auteurs. Il trouve que certains auteurs sont peu connus et s’interroge sur
les activités de la société envers eux.
M. Fazio explique que la SGE organise des soirées de lecture (une dizaine
par an), participe au Salon du livre, et soutient la publication des œuvres de ses
membres.
Le commissaire susmentionné (PLR) demande comment les écrivains sont
sélectionnés par la société.
M. Fazio répond que, pour devenir membre, il suffit d’être écrivain et de
faire partie de l’association. Tout le monde peut y adhérer.
Un député (PLR) soulève un point de vue critique, suggérant que le Grand
Conseil se mêle peut-être de questions qui relèvent davantage de la compétence
du département. Il pense que le département n’a pas été convaincu de l’utilité
de la subvention et que la SGE pourrait être une association vieillissante, avec
certains écrivains qui n’écrivent plus. Il imagine que le département a décidé
de réorienter les 10 000 francs vers d’autres priorités. Il se demande comment
une commission pourrait juger cette situation sans toutes les informations
provenant du département.
M. Fazio réagit en soulignant que le problème réside dans le fait que le
directeur du département de la culture a changé plusieurs fois, et il ne sait pas
d’où provient cette décision. Il plaide pour un suivi plus rigoureux des
politiques et souhaite que le Grand Conseil prenne une décision politique sur

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cette question. Il estime que c’est le rôle du Grand Conseil de s’occuper de ces
problèmes, et que des associations n’ont pas reçu le suivi nécessaire.
Une commissaire (MCG) mentionne qu’elle a consulté le site de la SGE et
a constaté qu’il n’y avait plus de publications depuis 2021. Elle demande si
cela est dû à un manque de fonds ou si le comité montre un désintérêt pour la
situation. Elle dit connaître plusieurs écrivains de la société et ajoute qu’elle
soutiendra la motion lorsque le moment viendra.
M. Fazio répond que la SGE n’a plus les fonds nécessaires pour publier des
ouvrages et que le manque de moyens a conduit à l’absence de publications
récentes.
Ladite commissaire (MCG) conclut en affirmant qu’elle soutiendra la
motion quand l’occasion se présentera.
Un commissaire (S) se demande si la SGE soutient aussi de jeunes auteurs.
Il souligne l’importance de cette dimension dans le contexte actuel.
M. Fazio répond que la SGE promeut surtout ses membres, mais qu’il n’est
pas certain qu’elle cible spécifiquement les jeunes auteurs.
Discussion interne
Un commissaire (UDC) propose d’auditionner la SGE, estimant que cela
permettrait d’obtenir des éclaircissements plus précis sur leur situation et leur
fonctionnement.
Un commissaire (PLR) s’oppose à cette audition, jugeant que ce n’est pas
au Grand Conseil de traiter ce genre de dossier. Il met en avant que cela
entraînerait des coûts considérables, alors qu’un département est déjà chargé
de l’analyse et a pris la décision de ne plus soutenir l’association. Bien qu’il y
ait eu un fort turnover au sein du département de la culture, cela, selon lui, ne
justifie pas une nouvelle intervention du Grand Conseil. Le groupe PLR, pour
sa part, indique qu’il ne souhaite pas de nouvelles auditions et votera contre la
motion.
Un commissaire (S) pense que la question relève davantage de la
commission des finances. Il soutient l’idée d’auditionner la SGE pour leur
demander leurs comptes et obtenir un rapport d’activité détaillé, afin de
déterminer objectivement s’il existe réellement un besoin pour cette
subvention. Il précise également qu’il n’accorde pas une grande importance au
fait que le site web de la SGE ne soit plus mis à jour en raison de la suppression
de la subvention.
Un autre commissaire (S) se rallie à l’opinion de son collègue, mais précise
qu’il n’y a pas d’urgence à trancher ce point. Il trouve paradoxal que ceux qui

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disent qu’il n’est pas nécessaire de traiter cette question aient pourtant jugé
urgent de traiter un autre dossier la semaine dernière, concernant l’audition du
DIP.
Le commissaire (PLR) rappelle qu’il existe la GAFF qui permet un contrôle
parlementaire sur les subventions pluriannuelles, et que le Grand Conseil a
rehaussé les seuils. Toute subvention inférieure à 500 ou 800 000 francs n’est
pas de la compétence de la commission des finances, ni du Grand Conseil, mais
peut être allouée directement par le Conseil d’Etat. Il insiste sur le fait que la
commission n’est pas dans son rôle ici et qu’il faut refuser cette motion, en
faisant confiance aux décisions prises.
Une commissaire (Ve) trouve la conversation un peu déconnectée de la
réalité. Le sujet l’intéresse, notamment car il touche à la culture, domaine qui
mérite plus d’attention. Bien que 10 000 francs puissent sembler peu, elle
souligne que cela représente une somme importante pour une association. Elle
souhaite comprendre pourquoi cette association ne reçoit plus de subvention,
et connaître brièvement les actions du département concernant le monde du
livre en général, un sujet souvent ignoré. Selon elle, même si on pensait le livre
dépassé à cause de la technologie, il demeure un secteur vivant, avec de
nombreux passionnés. Elle préconise au moins une audition du département.
Elle trouve l’argument du « faisons confiance » intéressant, mais si tel est le
cas, il serait plus judicieux d’arrêter le travail parlementaire.
Le président intervient au nom de son groupe (LC) et indique que son
groupe s’opposera à cette audition. Pour lui, un montant de 10 000 francs ne
justifie pas une telle démarche.
Une commissaire (MCG) est étonnée que la commission n’ait même pas
pris la peine de lire les statuts ni de consulter le site. Elle a contacté une amie
écrivaine, peut-être membre de la SGE, qui pourrait lui envoyer les comptes
avant la fin de la séance. Elle trouve dommage de ne pas traiter cette motion et
estime que les positions du PLR sont frustrantes. Il est regrettable qu’une petite
somme comme celle-ci soit refusée à une association qui en a besoin. Elle siège
dans la commission des arts et de la culture de la Ville de Genève, qui pourrait
éventuellement soutenir cette société.
Un commissaire (UDC) estime que, si le département doit être entendu, la
SGE doit également l’être. Sinon, cela ne serait pas équitable.
Le président met aux voir l’audition de la SGE :
Oui :
8 (3 S, 2 Ve, 1 LJS, 1 MCG, 1 UDC)
Non :
5 (4 PLR, 1 LC)
Abstentions : 2 (1 MCG, 1 UDC)

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Audition de M me Coranda Pierrehumbert, conseillère culturelle, service
de la culture, et de M. Nicolas Kerguen, secrétaire général adjoint au DCS
M. Kerguen souligne que les actions de promotion de la lecture figurent
parmi les priorités dans la feuille de route du DCS. En plus de soutenir les
professionnels actifs dans le domaine du livre, le DCS soutient également des
maisons d’édition par des contrats de prestations. Il précise que la SGE,
existant depuis le XIXe siècle, est bien ancrée à Genève. Toutefois, il est
important de rappeler que, malgré cet ancrage, la SGE est soumise aux mêmes
règles que toutes les autres associations. Les subventions étatiques ne sont pas
dues, elles sont octroyées après un processus rigoureux d’examen des dossiers
par les services de la culture, basé sur un préavis d’une commission. Ces
décisions sont prises par le magistrat, sur la base d’un préavis donné par des
experts métier. Il ajoute que le département ne ferme pas définitivement la
porte à un soutien cantonal, car il y a eu de nombreux échanges entre la SGE
et le service de la culture, qui connaît les attentes pour répondre aux critères.
Mme Pierrehumbert précise que toutes ces attributions de subventions font
l’objet d’une étude attentive par des commissaires, qui sont des experts du
domaine du livre et de la culture en général. Ces experts confrontent les
demandes aux critères spécifiques de chaque dispositif de soutien. C’est en
fonction de cette expertise que les soutiens sont attribués. Elle rappelle qu’il y
a plus de 200 dossiers qui passent chaque année dans le domaine du livre. Dans
le cas présent, les commissaires ont constaté plusieurs faiblesses importantes
dans les dossiers étudiés entre 2018 et 2024, malgré les rencontres qui ont eu
lieu entre la SGE et les responsables du domaine du livre entre 2022 et 2024.
Ces rencontres ont abordé différents aspects, comme une programmation
culturelle jugée trop éloignée des thèmes actuels et un manque de
renouvellement, ce qui se confirme à la lecture des programmes et des rapports
d’activité. Le sentiment d’entre-soi a également été relevé. La qualité des
dossiers n’était pas à la hauteur des attentes pour une société historique. Le
département a observé que les dossiers étaient similaires d’une année à l’autre,
sans lettre de motivation, avec des budgets peu clairs et des variations
importantes dans les postes non justifiés. Le département a aussi demandé des
précisions concernant la visibilité des membres, mais n’a jamais obtenu ces
informations. De plus, il n’y avait ni visibilité ni informations sur les publics
touchés, qu’elles soient qualitatives ou quantitatives. Aucune évolution n’a été
observée par rapport aux demandes du département pour se développer face à
un public plus large. Enfin, il n’y a pas eu de recherche de fonds
complémentaires. Les conditions d’octroi stipulent que le canton est
subsidiaire à d’autres demandes de soutien. Un autre point d’interrogation pour
le département réside dans les statuts et le site internet de la SGE, qui laissent

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planer le doute sur son affiliation à une faîtière des écrivains, ce qui lui
permettrait d’accéder à certains dispositifs mis en place par le canton. Si la
SGE est une association fermée, composée uniquement d’écrivains se
rencontrant entre eux, cela pose problème, car les soutiens visent à promouvoir
la lecture auprès du public. En revanche, si la SGE est une association ouverte,
visant à promouvoir la lecture à un public plus large, elle pourrait recevoir un
financement, à condition de rectifier les points évoqués précédemment. Le
département ne recommande pas un soutien à la SGE, sauf si des réformes
fondamentales sont effectuées au sein de l’association, tant au niveau de ses
orientations que dans la définition des types de demandes et des publics qu’elle
souhaite atteindre, ainsi que dans son fonctionnement.
Un commissaire (S) demande des précisions concernant les budgets peu
clairs mentionnés par Mme Pierrehumbert, un aspect qui, selon lui, ne doit pas
être négligé. Il souhaite connaître le budget exact de la SGE.
Mme Pierrehumbert répond que le département a bien reçu un budget lié à
la demande de 2024, mais qu’aucune demande pour 2025 n’a été soumise, d’où
l’absence de budget pour cette année-là. Le budget de la SGE reste assez stable
d’année en année, à l’exception de la période COVID. Entre 2020 et 2022, des
variations ont été observées. Le budget de 2024 était de 24 000 francs, dont
9000 francs provenaient de dons et cotisations, et 15 000 francs avaient été
demandés à l’Etat de Genève. En 2023, le budget était de 25 000 francs, en
2022 il était de 18 000 francs, et en 2020 il était de 23 000 francs. Elle note
que les cotisations n’ont pas été modifiées depuis 1998, fixées à 70 francs par
an. En faisant un calcul basé sur les années où seule la cotisation est indiquée
dans les budgets, on arrive à une estimation d’une cinquantaine de membres,
alors qu’il est mentionné dans certains rapports qu’il y a une centaine de
membres. Elle trouve également suspect le paiement du loyer pour différents
lieux utilisés par la SGE, tels que la Maison Dufour et la Villa Dutoit, avec des
variations notables entre ce qui est indiqué dans le budget et ce qui apparaît
dans les comptes, allant de 600 à 3300 francs. Il manque des détails permettant
de justifier ces variations. De plus, la rémunération des auteurs et des
musiciens varie entre le budget et les comptes, car les confirmations n’étaient
pas toutes reçues au moment de l’élaboration du budget. Les montants varient
entre 1750 et 5600 francs, mais ces différences ne sont pas claires par rapport
au nombre d’événements ou d’auteurs.
Mme Pierrehumbert précise que ces variations peuvent être expliquées, et
que le département respecte le fonctionnement des associations, à condition
que ces explications soient fournies. Elle ajoute qu’en cumulant les frais
d’organisation et d’administration, on arrive, sur un budget de 24 000 francs,
à environ 10 000 francs d’organisation. Elle rappelle que, normalement, si l’on

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soutient une association via le Fonds de soutien à la promotion, diffusion et
médiation du livre, il s’agit de promouvoir le livre, et non de financer le
fonctionnement de l’institution. Elle insiste sur le fait que ces points
d’interrogation ont été soulevés et qu’ils pourraient certainement être
expliqués.
Un commissaire (S) demande si, dans les activités de la SGE, il existe une
promotion de la lecture auprès du jeune public ou du public large. Egalement,
étant donné que la SGE est une association d’écrivains, il s’interroge sur la
promotion de l’écriture auprès de nouveaux écrivains dans leurs activités.
Mme Pierrehumbert présente un panorama des activités de la SGE en
fonction du dossier reçu et de son site internet. Elle constate qu’il y a des
rencontres et des présentations d’ouvrages des membres de la SGE, des
invitations d’auteurs externes, des participations à des foires et salons, ainsi
que des soirées organisées pour la remise de leurs prix. Elle souligne qu’à deux
occasions, des soirées thématiques ont été organisées, par exemple sur le
roman policier ou la rédaction théâtrale. En 2024, une animation destinée à la
jeunesse a été mise en place, avec des présentations spécifiquement adaptées à
ce public. C’est la première fois que cette initiative a été réalisée, et elle
souligne que cela reste un peu irrégulier. En 2021, la SGE a connu un coup
d’accélérateur avec 14 événements, mais cela a ensuite diminué. De plus, un
changement de présidence en 2023 a pu induire certains ajustements. Le
département a rencontré les responsables à trois reprises pour leur fournir des
pistes concernant leur prochain dépôt de demande.
Un commissaire (S) demande quelles activités sont subventionnées par le
département dans le cadre de la promotion de l’écriture.
Mme Pierrehumbert répond qu’il existe deux types de promotion de
l’écriture : l’un qui est destiné aux jeunes écrivains et l’autre qui vise la
promotion de la lecture et la connaissance de l’écriture auprès des jeunes et des
classes. Elle précise qu’il y a plusieurs soutiens, notamment dans le cadre des
salons du livre, avec un programme de relève et de résidences, permettant aux
jeunes écrivains de travailler sur leurs projets. Il y a également un soutien pour
les manifestations littéraires autour du livre, incluant des ateliers d’écriture et
du mentorat pour les jeunes écrivains. Des soutiens sont également apportés
aux activités de médiation et aux programmations pour les librairies, ce qui est
assez courant, même si ce n’est pas l’activité principale. Il y a ainsi de
nombreux programmes de soutien en lien avec le livre et la jeunesse.
Un commissaire (S), concernant la liste des membres, se dit surpris, car il
lui semble que ce n’est pas habituel pour une association bénéficiant d’une
subvention de transmettre la liste de ses membres. Il se demande quelles sont

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les attentes du département vis-à-vis de cette association. Bien qu’il comprenne
les interrogations du département sur le public cible et le contenu, il s’interroge
sur l’opportunité pour l’Etat de s’exprimer sur la nature de la programmation
de l’association. Il trouve cela étrange et se demande quelle autonomie est
laissée aux associations subventionnées. Il demande enfin si l’idée de
formaliser la relation par des contrats de subvention a été envisagée, afin de
clarifier les attentes de l’Etat. En lisant les statuts de la SGE, il ne pense pas
qu’il s’agisse d’un simple club, mais plutôt d’une association ouverte. Il ne
comprend donc pas le reproche qui lui est fait.
Mme Pierrehumbert, concernant la liste des membres, explique qu’il existe
une rubrique sur le site indiquant les membres. Toutefois, lorsqu’un procèsverbal mentionne 100 membres, mais que seulement 30 sont listés sur le site,
elle s’interroge sur l’identité des autres membres. Dans le dossier reçu par le
département, il n’y a que la liste des membres du comité. Bien que cela ne soit
pas exigé par les conditions d’octroi, il est nécessaire de maintenir une
transparence à ce sujet, notamment si cela a une relation avec le budget. Si
l’association ne dépend pas de subventions externes et se repose uniquement
sur les cotisations, mais que ces cotisations n’ont pas augmenté depuis 1998 et
que le nombre de membres semble diminuer à la lecture des procès-verbaux,
il est important de comprendre comment l’association fonctionne. Concernant
le public cible et l’autonomie de l’association par rapport à la programmation,
elle affirme qu’il n’appartient pas au département de définir la programmation,
mais qu’il doit évaluer la gestion et la qualité de la programmation d’une
institution avant de lui confier une subvention liée à des fonds publics. Elle
souligne qu’il faut faire une sélection rigoureuse. Lorsqu’elle constate que des
membres de l’association présentent régulièrement leurs livres, cela crée une
impression d’entre-soi. Elle s’interroge sur la mission réelle de l’association.
Elle fait également référence aux statuts de la SGE et aux contrats de
prestations, qui sont un processus relativement complexe à rédiger et à faire
valider. Ces contrats sont généralement utilisés pour des collaborations sur
plusieurs années, pour des subventions importantes, ce qui semble moins
approprié dans ce cas précis. Elle réaffirme que la SGE n’a pas été blacklistée,
mais qu’il y a des ajustements à faire pour qu’elle ait sa place dans le paysage
culturel genevois.
Un commissaire (PLR) demande combien d’écrivains ne sont pas membres
de la SGE, mais qui écrivent malgré tout.
Mme Pierrehumbert ne connaît pas la réponse exacte. Elle précise que la
SGE est ouverte aux auteurs d’autres régions que Genève, et que, parmi ses
membres, on trouve des auteurs et historiens reconnus. Toutefois, le
département n’a pas de statistiques précises sur les écrivains ayant publié dans

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des maisons d’édition genevoises. Elle ne souhaite pas avancer de chiffres,
mais promet de se documenter et de revenir vers la commission avec plus
d’informations.
Une commissaire (MCG) fait remarquer qu’il semble nécessaire de
répondre à la vision politique du département pour être considéré comme un
auteur dont les œuvres peuvent être prises en compte. Elle souligne que,
lorsqu’on devient membre de la SGE, c’est parce que l’on remplit les
conditions des statuts, qui exigent d’avoir publié au moins un livre, une pièce
ou autre œuvre. Elle demande donc quels sont les souhaits politiques du
département pour que la SGE soit considérée comme étant en phase avec les
attentes de l’Etat.
M. Kerguen précise qu’il ne s’agit pas d’une décision politique, mais d’une
décision administrative, fondée sur l’instruction des demandes et le préavis
donné par la commission. C’est ce processus qui permet d’éviter de politiser
l’octroi des subventions.
Ladite commissaire (MCG) soutient que l’instruction des demandes de
subvention se fait dans le cadre d’une vision politique.
Mme Pierrehumbert répond qu’à aucun moment le département ne dit aux
écrivains ce qu’ils doivent écrire ni comment gérer la SGE. Le département
reçoit un dossier de demande et évalue selon des critères d’attribution qui ne
sont pas liés à la politique, mais plutôt à la gestion de l’association.
Par exemple, il est exigé qu’un auteur publie avec une maison d’édition
pour que sa demande soit considérée.
Le président demande quelle est la composition de la commission
d’attribution des subventions.
Mme Pierrehumbert explique que la composition de la commission change
régulièrement, car les commissaires doivent être renouvelés. En 2024, la
commission était composée de trois personnes : une personne spécialisée dans
la médiation, les bibliothèques, les festivals, et les événements destinés au
public, une personne spécialiste du domaine du livre ayant géré ce secteur dans
une grande commune, et une autre personne, autrice et journaliste. Elle-même
préside cette commission.
Un commissaire (S) demande s’il existe d’autres associations d’écrivains à
Genève.
Mme Pierrehumbert répond que le département est en contact avec
l’association suisse des écrivains, dont certains représentants siègent dans la
commission consultative. Ils sont également en contact avec la société suisse
des auteurs de bande dessinée.

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Audition de Mme Christiane Kolla, coprésidente, et de M me Suzanne
Hurter, administratrice de la SGE, ainsi que de M. Manuel Tornare,
ancien maire de Genève
M. Tornare est présent en sa qualité de président du conseil de fondation
de la Maison Rousseau et Littérature. Ils sont deux ou trois personnalités
genevoises à avoir réussi à mettre en place la Maison Rousseau et Littérature.
Il avait proposé au conseil de fondation que la Société genevoise des écrivains
dispose d’un siège, ainsi qu’un pour la Société suisse des auteurs. Il est
indirectement membre d’honneur de la SGE. Cette société genevoise, très
locale, mais également composée d’écrivains parfois renommés au-delà des
frontières, recevait depuis longtemps 10 000 francs par an. Ce n’est pas une
somme considérable, mais elle revêt une forte valeur symbolique. Tous sont
attachés au canton, mais il trouve paradoxal qu’une société genevoise ne
bénéficie plus de cette subvention de 10 000 francs. Il estime qu’en tant
qu’ancien magistrat, mener une bataille politique pour une somme aussi
modeste est quelque peu absurde. Il se trouve que, depuis cinq à six ans, lors
des négociations avec la Ville et l’Etat, la politique du livre a été transférée de
la Ville à l’Etat. Il négocie lui-même depuis cinq ans avec l’Etat et non plus
avec la Ville. Lorsque certaines subventions ont été transférées de la Ville à
l’Etat, un engagement moral avait été pris pour ne pas supprimer sans raison
les montants attribués. Lorsqu’il était maire, il a négocié avec M. Longchamp
pour éviter les doublons et répartir les associations entre celles dépendant de
la Ville et celles de l’Etat, afin d’éviter un double subventionnement. Un
engagement avait été pris pour qu’il n’y ait pas de règlement de comptes. Il
s’agit d’un engagement moral auquel il convient de rester fidèle, d’autant plus
lorsqu’il s’agit de 10 000 francs.
La société a aussi contribué à faire émerger des écrivains, certains de
renom. L’ancien attaché parlementaire du groupe libéral, Joël Dicker, a été
découvert par la SGE. C’est véritablement une société ancienne, fondée par un
grand écrivain du XIXe siècle de renommée mondiale (M. Amiel). Cette SGE
a toute sa légitimité, elle peut faire l’objet de critiques, et il est conscient qu’elle
a été victime de fausses informations dans le monde politique. Il est nécessaire
de mettre fin à ces fake news. Il conclut qu’il faut prendre conscience que cette
société, avec peu de moyens, contribue largement à la réputation de Genève en
Romandie et au-delà des frontières. Il estime qu’il est essentiel de reconnaître
que cette somme est modeste, mais hautement symbolique. La question peut
être posée de savoir pourquoi ce montant ne pourrait pas provenir du privé.
Mais si la société ne reçoit aucun soutien public, les mécènes ne souhaiteront
plus contribuer, car la reconnaissance par l’Etat ne serait plus assurée. La SGE
a été un acteur clé dans l’histoire littéraire genevoise.

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Mme Kolla est présidente de la SGE depuis deux ans et également
conseillère municipale à Genève. Elle fréquente cette société depuis plus de
trente ans. Elle souligne que la mission de la SGE est de promouvoir les
écrivains, auteurs et autrices genevois. Le rôle de la SGE est de préserver la
mémoire des auteurs genevois, de valoriser la littérature locale – ce qui est
essentiel dans une cité internationale –, d’encourager les écrivains de demain
et de maintenir une continuité et des liens entre passionnés de littérature. Il
existe de nombreuses manifestations littéraires, mais la SGE a une
caractéristique importante : c’est un noyau qui s’ouvre vers l’extérieur et
permet des échanges durables. C’est véritablement une société pour les
écrivains qui s’ouvre vers les autres. Ils ont organisé des soirées avec d’autres
associations, en collaboration avec l’association suisse du Japon, autour du
haïku.
La présidente demande quels sont les frais et les budgets de la SGE.
Mme Hurter a transmis les budgets et les comptes à la commission. Il est
difficile pour la SGE de fonctionner avec ces 10 000 francs, qu’elle a avancés
pendant quelques années, mais le président a tenu à les rembourser. Elle est
disposée à aider à nouveau. Administratrice depuis 2011, elle tient à ce que
cela perdure. Elle ajoute que, tous les deux ans, une journée d’étude est
organisée, réunissant au moins dix auteurs autour d’un thème. Elle a apporté
le dernier livre, financé par la Fondation Wilsdorf, portant sur le paysage
genevois. De grands auteurs y ont contribué, et cet ouvrage, publié tous les
deux ans, rencontre un certain succès. Elle trouve regrettable que la subvention
soit passée de 10 000 à 6000 francs, puis à plus rien. Elle ne comprend pas
cette décision de retrait.
M. Tornare précise que certains peuvent se demander pourquoi la SGE
intervient dans la politique culturelle du magistrat. Mais il s’agit plutôt d’un
engagement qui avait été pris. La SGE a d’ailleurs appris par Le Temps que
11 millions supplémentaires ont été alloués à la culture.
Un député (PLR) estime qu’il faut faire confiance au département. La
commission a écouté le fonctionnaire responsable de cette politique, qui a
détaillé le processus d’attribution des subventions, avec l’aide d’une
commission d’experts ayant soutenu la décision du magistrat. Il note que la
personne auditionnée s’est montrée très critique à l’égard du travail de la SGE :
non seulement sur les aspects formels, jugeant les dossiers remis très faibles
pour les années 2018-2024, mais aussi parce qu’aucune amélioration n’a été
constatée malgré les échanges avec la SGE. Ils ont estimé que la
programmation était trop éloignée des enjeux actuels, manquait de
renouvellement, que l’association donnait une impression de cercle fermé, et
que la qualité ne répondait pas aux attentes, avec des dossiers similaires d’une

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année à l’autre. Il comprend le discours sur l’importance d’avoir une telle
association à Genève, mais ce n’est pas à la commission de gérer le
département. Il est demandé à la CECS de remettre en cause le travail d’un
fonctionnaire, d’une commission et d’un magistrat. Il demande quelle
légitimité la commission aurait pour affirmer que le département a tout faux,
et proposer une autre lecture du travail fourni par la SGE. Il ne voit pas sur
quel critère, en dehors du fait que « le livre, c’est sympathique », la décision
pourrait être contestée. Il demande quels éléments pourraient le convaincre.
M. Tornare répond que les arguments évoqués par les fonctionnaires, il en
a souvent entendu de similaires lorsqu’il s’agissait de parvenir à un objectif. Il
n’a jamais prétendu que la SGE était irréprochable, mais ce n’est pas en
supprimant des fonds qu’elle progressera. Les membres de la SGE sont
conscients des critiques. Des améliorations sont possibles. Il ne souhaite pas
critiquer le magistrat, mais rappelle qu’au sein de l’office cantonal de la
culture, cela a été une succession de remaniements ces cinq dernières années.
Heureusement, la situation s’est stabilisée. Il a eu de nombreux interlocuteurs
dans cet office. Selon lui, le problème vient davantage de l’office que de la
SGE. La SGE est prête à s’améliorer si nécessaire. Il rappelle qu’il est question
de 10 000 francs, une somme modeste mais symboliquement forte.
Un commissaire (PLR) évoque un autre symbole : celui du principe. Il n’est
malheureusement pas convaincu. Selon lui, M. Tornare suggère que les
fonctionnaires et le département ont mal agi. Il y a, en effet, un problème de
gouvernance et de gestion.
M. Tornare rectifie qu’il n’a jamais dit que le département était
incompétent, mais qu’il y avait eu beaucoup de mouvements internes. Le
département lui-même l’a reconnu.
Ledit commissaire (PLR) revient sur l’audition de la fonctionnaire, qui a
affirmé à la commission qu’aucune action concrète n’avait été menée entre
2018 et 2024, alors même que le département était en contact avec les
représentants de la SGE. Il précise aussi que les données transmises étaient
inexactes.
M. Tornare conteste. Il évoque une fonctionnaire affirmant que Sylvain
Thévoz avait perçu des sommes de la SGE. Cela lui semble invraisemblable.
Le fonctionnaire a le droit d’avoir son opinion, mais cette affirmation est
fausse. Il demande sur quels éléments elle se base.
Mme Kolla dit avoir entendu ces critiques. Elle a été élue à la SGE après la
période concernée. En tant que nouvelle présidente, elle a apporté des idées et
souhaité introduire des changements. Elle s’était fixé plusieurs objectifs,
notamment la mise à jour du site internet – coûteuse mais nécessaire – pour le

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rendre plus performant. Dans toute structure, les évolutions sont rapides et il
faut investir dans des outils modernes. Elle souhaitait également renforcer la
présence sur Instagram et autres réseaux sociaux. Elle avait aussi l’intention
de créer une brochure présentant largement la SGE, son fonctionnement, ses
membres, etc. Cela représente un coût. Avec un budget fortement réduit, le
comité a assuré la continuité en organisant des soirées réussies. Lors de celle
sur le haïku, 52 personnes étaient présentes. Elle informe que l’AG se tiendra
le 17 juin, avec l’élection probable d’un nouveau comité. Elle souligne le
dynamisme et le renouvellement de l’équipe : la SGE est consciente de la
nécessité de mobiliser un jeune public. Une manifestation intéressante a eu lieu
le 27 avril : la SGE a proposé un parcours pour enfants entre musées et
librairies, pour faire découvrir les livres à la jeunesse, avec la rencontre de trois
écrivains. Il y a également eu une soirée dédiée au roman policier.
Une commissaire (Ve), très sensible au monde du livre, rappelle qu’une
question écrite a été posée en 2023. En lisant le rapport du Conseil d’Etat, assez
succinct, il était mentionné une demande d’ouverture de la programmation à
un public plus large. Elle souhaite connaître le ressenti des auditionnés, s’ils
ont l’impression d’avoir élargi leurs activités.
Mme Hurter confirme cette demande. Il leur a été demandé, par exemple,
pourquoi la SGE ne recevait pas d’écrivains ukrainiens. Ils ont donc invité des
auteurs ukrainiens, ce qui leur a coûté 2500 francs, mais personne n’est venu.
La SGE en a conclu que son ancrage restait le terroir genevois. Aller chercher
des auteurs étrangers ne correspond pas vraiment à la spécificité de la SGE.
Or, la fonctionnaire insistait pour qu’ils changent leur méthode de travail.
Mme Kolla dit comprendre cette remarque. Elle précise qu’une soirée est
prévue cet automne avec des auteurs aujourd’hui installés à Genève mais
originaires d’ailleurs. Il y aura aussi une auteure genevoise, qui racontera son
aventure en Amazonie.
M. Tornare reconnaît que beaucoup de reproches sont faits à la SGE. Il
parle d’un point de vue extérieur, n’étant pas dans sa direction. Il rappelle que,
sans subvention, il est difficile de s’améliorer. Ce n’est pas une critique envers
le magistrat ni le département. Le magistrat lui-même a reconnu que regrouper
sport et culture n’était pas idéal, d’où la récente séparation. Il a été très gêné
par le fait qu’il y ait eu chaque année, depuis cinq ans, un nouvel interlocuteur
à l’office cantonal de la culture, avec certains qui appréciaient la SGE et
d’autres non. Il demande qu’on laisse une chance à la SGE de se réformer, avec
une aide de 10 000 francs, somme modeste mais importante symboliquement.
Quant aux choix culturels, il rappelle que c’est un débat récurrent. Certains
députés disent qu’il ne faut pas interférer dans la politique du magistrat, mais

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l’an dernier, il y a bien eu du lobbying parlementaire pour soutenir l’Orchestre
de chambre de Genève.
La présidente précise que cela relevait du processus budgétaire. Dans ce
cas, le parlement peut intervenir puisqu’il vote une enveloppe globale que le
Conseil d’Etat répartit ensuite.
Une commissaire (Ve) remarque que la SGE avait l’habitude de demander
des fonds, et elle a du mal à croire que le retrait du soutien de l’Etat nuise autant
à l’association. Elle note aussi que, dans les comptes, ces demandes ne sont
pas visibles. Elle rappelle que, selon le rapport lié à la question écrite,
l’élargissement du public peut concerner des publics différents. Lors de la
dernière audition, il a été dit que le dossier remis par la SGE était le même
chaque année, ne répondant pas aux attentes de l’Etat. Elle souligne qu’il y a
une forte concurrence pour les subventions, et qu’après une première
réduction, la SGE aurait dû améliorer son dossier.
M. Tornare souligne qu’obtenir une subvention étatique ou municipale
constitue une caution importante. Par exemple, lorsque l’on demande des fonds
à la Fondation Wilsdorf, cela montre une reconnaissance institutionnelle. Il
prend l’exemple de la Maison Rousseau, qui fonctionne avec deux tiers de
subventions publiques ; sans cela, il serait difficile de décrocher des
financements privés.
Mme Kolla, qui s’est surtout occupée de la programmation, indique que des
demandes ont bien été déposées auprès de fondations privées.
Mme Hurter ajoute que c’est l’ancien président qui rédigeait les demandes,
mais sans succès. Elle précise que la Fondation Wilsdorf finance les journées
d’étude. Cette année, le livre publié a aussi reçu une contribution des Services
industriels. Cela montre l’intérêt suscité par des événements réunissant dix
auteurs genevois, qui réfléchissent ensemble à l’avenir de la littérature. Elle
insiste : la SGE a bien tenté de s’ouvrir, avec la création d’un secteur « amis
de la littérature ». Beaucoup de gens aiment écouter et échanger avec les
auteurs, acheter des livres, faire dédicacer leurs exemplaires. Elle a été surprise
de l’enthousiasme du public. Il y a un véritable engouement pour la littérature.
La SGE s’est beaucoup développée et ouverte vers l’extérieur. Elle ne
comprend donc pas bien les critiques reçues.
Un commissaire (UDC) pose une question sur le site internet de la SGE. Il
a constaté que celui-ci a disparu et ne fonctionne plus : un message d’erreur
apparaît. De plus, l’ancien site n’était pas à jour, certaines personnes décédées
y figurant toujours.
Mme Hurter précise que les membres décédés restent mentionnés, mais
qu’une croix est ajoutée à côté de leur nom.

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Mme Kolla rappelle que l’amélioration du site faisait partie de ses objectifs,
afin de le rendre plus performant.
Un commissaire (S) interroge la SGE sur sa réaction face aux baisses
successives de subvention de l’Etat. Il s’interroge sur le fait que le coût de la
séance de commission dépasse peut-être le montant de la subvention en
question. Selon lui, cela devrait être discuté avec le service concerné.
Mme Hurter répond que la SGE a effectivement réagi, mais que le
département a maintenu sa décision.
M. Tornare souligne qu’aucun fonctionnaire mentionné n’a assisté à un
événement organisé par la SGE ou par la Maison Rousseau et Littérature.
Mme Kolla informe que, depuis janvier, une personne est en poste au sein
du département pour s’occuper du livre. Il est donc désormais possible
d’obtenir des subventions ponctuelles. Cela reste intéressant, même si cela ne
résout pas les problèmes structurels. Elle fait son autocritique : ayant été très
investie dans la programmation, elle n’a pas pu concrétiser certains projets.
Elle admet que la SGE a sans doute péché par excès de confiance dans ses
dossiers, pensant que sa réputation suffisait et que tous les députés ou services
lui étaient acquis. Or, les dossiers de subvention sont désormais très
techniques, et nécessitent parfois l’appui de professionnels pour être
correctement rédigés.
Un commissaire (S) demande ce qui est prévu pour encourager l’émergence
de jeunes talents et pour stimuler le goût de l’écriture à Genève.
M. Tornare rappelle que la SGE a désormais un représentant au conseil de
fondation de la Maison Rousseau et Littérature, ce qui est un appui important.
Il précise qu’il ne s’agit pas d’absorber la SGE, puisque la Société suisse des
auteurs y siège également, mais de favoriser une entraide entre les structures
pour mieux répondre aux attentes de la commission.
Ledit commissaire (S) insiste sur la question de l’utilité de la SGE. Il
évoque à nouveau le reproche d’entre-soi qui est fait à l’association. Il revient
sur la question de la relève littéraire et demande quelles sont les actions de la
SGE dans ce domaine.
La présidente complète cette question en demandant si la SGE applique des
critères particuliers pour accueillir de nouveaux auteurs.
Mme Kolla répond qu’il y a toujours eu une volonté d’élargir le spectre.
Elle-même a été admise comme scénariste, sans avoir écrit de livre.
L’association est aussi ouverte à des journalistes ou à des auteurs d’essais. Elle
mentionne un atelier lancé après une soirée dédiée au haïku, une forme

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littéraire qui plaît beaucoup aux jeunes. La SGE veille à inviter des écrivains
en veillant à la diversité des genres, des âges, et à une parité hommes-femmes.
Mme Hurter ajoute que la SGE organise chaque année un concours – théâtre,
roman, recueil de poésie – appelé Prix de la SGE, qui a lieu en décembre. C’est
un moyen de faire émerger de nouveaux auteurs. Elle, en tant que secrétaire,
reçoit de nombreuses demandes, notamment de jeunes. Certains viennent deux
ou trois fois et ne reviennent plus, mais d’autres s’intègrent durablement.
Mme Kolla précise qu’une éditrice, membre de la SGE, donne
généreusement de son temps pour conseiller les jeunes auteurs, les rencontrer,
les encourager. Des petits concours internes sont également organisés, autour
de thèmes poétiques : les nouveaux membres envoient leurs textes, qui sont
ensuite lus lors d’une soirée. Cela a permis à certains d’oser se présenter à des
éditeurs.
Un commissaire (PLR) observe une dimension émotionnelle dans les
échanges, qu’il comprend. Il tient à garantir que la CECS (commission de
l’éducation, de la culture et du sport) n’a jamais affirmé que M. Thévoz avait
perçu de l’argent. Il reconnaît cependant que certains députés ont trouvé gênant
qu’il signe une motion, étant lui-même membre de la SGE. M. Thévoz a
d’ailleurs reconnu qu’il n’aurait pas dû signer. Par ailleurs, il a été question du
nombre de participants aux événements de la SGE. Il demande donc des
précisions sur la fréquentation moyenne.
Mme Hurter répond qu’il y a en moyenne une trentaine de personnes par
événement.
Un commissaire (PLR) indique qu’il ne pense pas que la fonctionnaire du
département ait été hostile à la SGE sans raison. Il évoque plutôt une forme de
désarroi face à certaines pratiques de l’association. Il demande si une personne
peut être écrivain à Genève sans être membre de la SGE et avoir du succès. Il
demande également combien d’écrivains genevois ne sont pas membres de la
SGE.
M. Tornare répond qu’il existe d’autres structures, notamment la Société
suisse des auteurs, qui regroupe un grand nombre d’écrivains, ainsi que deux
autres associations. Il rappelle également que la Maison Rousseau et
Littérature fonctionne comme une sorte de maison-mère de ces diverses
entités. Beaucoup de choses s’y font, en complément ou indépendamment de
la SGE.
Mme Kolla complète en précisant qu’il y a aussi des écrivains genevois
connus qui sont très fidèles à la SGE.
Une commissaire (LJS) demande alors comment la SGE attire les auteurs.

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Mme Kolla explique qu’ils essaient, lors des soirées, d’inviter au moins trois
auteurs. Chacun vient souvent avec quelques amis, ce qui crée un effet boule
de neige. L’ambiance est très conviviale. La SGE est également ouverte à des
personnes qui n’ont pas encore publié, mais qui peuvent rejoindre la section
« amis ».
Ladite commissaire (LJS) comprend que c’est donc aux auteurs eux-mêmes
de faire la démarche, et non à la SGE d’aller les chercher.
Mme Hurter confirme. Lors du prix annuel de la SGE, environ 30 personnes
soumettent leurs écrits (romans, poésies, pièces de théâtre, etc.). Tous ces
participants sont invités aux soirées. Elle insiste : ce n’est pas parce qu’ils ne
gagnent pas le prix qu’ils ne sont pas auteurs. Ensuite, c’est à eux de décider
s’ils souhaitent devenir membres de la SGE, ce qui suppose de payer une
cotisation de 70 francs. C’est ainsi que de nombreux auteurs en herbe
rejoignent l’association.
Un commissaire (S), indique qu’il a vu sur l’ancien site internet plusieurs
livres édités par la SGE. Il note également qu’il y a, dans les comptes, une ligne
liée à l’édition, mais aucune information concernant la vente ou l’impression
de ces ouvrages. Il demande donc si ces livres sont vendus.
Mme Hurter répond que les livres sont plutôt offerts, bien qu’ils soient
également proposés à la vente, en général à 20 francs. Toutefois, tous les
membres de la SGE les reçoivent gratuitement.
Discussion finale
Un commissaire (PLR) indique que le groupe PLR a entendu les arguments,
mais a constaté des dysfonctionnements. La SGE a affirmé vouloir s’améliorer,
mais l’Etat s’est aperçu que la gestion était défaillante. Cela a eu une
importance relative, car plusieurs autres associations d’écrivains existent.
Finalement, l’audition de l’ancien magistrat et des autorités de la SGE lui a
semblé assez arrogante. Si l’Etat a voulu sanctionner ces dysfonctionnements,
la commission ne désavouera pas un Etat qui s’est montré économe. Pour le
groupe PLR, il n’y a pas de raison de revenir sur cette décision. Une fois ses
dysfonctionnements réglés, la SGE obtiendra certainement des financements
auprès des fondations culturelles soutenant ce type d’activités.
Un commissaire (S) n’a pas perçu d’arrogance. Il pense qu’il y a des
souhaits du département qui ne sont pas forcément partagés par la SGE. Il
considère que le signal n’est pas très bon : si on subventionne une association,
elle l’est globalement et il n’est pas question de lui dicter sa conduite. Il trouve
délicat de critiquer le site internet alors que la SGE doit faire avec moins, car
elle ne touche plus la subvention. Il pense que cette motion pousserait le

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département à se mettre autour de la table avec la SGE pour trouver une
solution. Il souligne qu’une motion n’est pas très contraignante. Le groupe PS
soutiendra donc cette motion.
Un commissaire (UDC) relève que c’est une société genevoise ancienne et
il trouve qu’il est presque humiliant de lui retirer 10 000 francs. Il estime qu’il
faut soutenir la SGE, même si elle n’est pas parfaite. C’est une société
importante, dans un domaine essentiel. Le groupe UDC soutiendra cette
motion.
Une commissaire (Ve) indique que le groupe des Verts soutiendra cette
motion. Le soutien demandé à l’échelle de l’Etat représente peu pour une
société existant depuis plus de 170 ans. Elle trouve que le monde du livre n’est
pas assez mis en avant et qu’il faut donc soutenir la SGE. Elle ajoute qu’on
leur reproche de ne pas être à jour, mais en regardant les prix que la SGE
distribue, ils récompensent aussi de jeunes auteurs.
Vote
La présidente met aux voix la M 3042 :
Oui :
8 (3 S, 2 Ve, 1 MCG, 2 UDC)
Non :
5 (4 PLR, 1 LC)
Abstentions : –
La proposition de motion 3042 est adoptée.
Résumé – analyse – synthèse – propositions de la majorité
Il a été difficile à la majorité de la commission d’accepter que les reproches
concernant des broutilles administratives, ainsi que la résistance légitime de la
SGE suite à des manœuvres intrusives d’un service de l’Etat, désireux de
contrôler, de ligoter la liberté d’expression et d’imposer sa vision politique
(voir en annexe 1, le PV de l’AG 2023 sur l’exercice 2022, page 2, 1er et second
paragraphes), puissent conduire à l’arrogance de représailles allant jusqu’à la
diminution puis la suppression de subventions.
Rappelons que la Société genevoise des écrivains est une vénérable
institution dont le rayonnement dépasse largement nos frontières. Elle est
active depuis 172 ans dans la création littéraire et la liberté d’expression.
La SGE vit aujourd’hui en son sein et dans son propre berceau la
douloureuse expérience de celles et ceux qui défendent véritablement et
sincèrement les libertés fondamentales et la justice. Des valeurs qui
manifestement demandent parfois encore, et dans notre propre canton, à être
acquises par un juste combat, rigoureux et courageux.

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La suppression de la modeste mais nécessaire subvention de 10 000 francs
par an, accordée depuis des années par la Ville de Genève, puis par l’Etat, est
ressentie comme une trahison, un chantage financier, un affront, un manque de
considération, des représailles, voire de la persécution. Cette tentative
délibérée de manipuler et d’entraver la liberté d’expression a pour conséquence
la péjoration des activités de cette association et une atteinte à sa réputation.
La suppression de subventions a provoqué une perte de crédibilité pour
l’association et engendré des torts considérables pour les futures recherches de
fonds privés.
La suppression injustifiée des subventions a fait naître de la suspicion sur
l’intégrité des membres dévoués et respectables du comité et leur a causé un
préjudice financier et surtout moral indéniable.
Dans l’accord de 2016 entre la Ville et le canton pour transférer la
politique du livre à l’Etat, il était clairement stipulé que tous les
bénéficiaires de subventions devaient impérativement conserver leur
soutien financier, et qu’il était hors de question de supprimer ces
subventions. Assurons-nous que l’Etat respecte et poursuive ses engagements,
sans s’immiscer et sans vouloir imposer une quelconque orientation politique.
Afin d’apaiser les esprits, de rétablir la confiance et de reprendre une
collaboration constructive et bienveillante entre l’Etat et la Société genevoise
des écrivains, il ne serait également peut-être pas superflu d’envisager de
présenter nos excuses avec humilité et de réparer les dommages causés.
La majorité de la commission de la culture du Grand Conseil vous propose
d’accepter et d’envoyer cette motion au Conseil d’Etat, notamment pour
l’inviter à reprendre le versement de 10 000 francs par an, voire davantage, en
faveur de la Société genevoise des écrivains.

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ANNEXE 2

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Date de dépôt : 27 juin 2025
RAPPORT DE LA MINORITÉ
Rapport de Alexandre de Senarclens
Cette motion est exemplative des dérives de notre parlement.
Sur la forme :
1. Un parlement qui fait du micromanagement : cette motion invite le Conseil
d’Etat à revoir sa position concernant une subvention de 10 000 francs à la
Société genevoise des écrivains (également « SGE »). Il convient de
rappeler que le Grand Conseil se penche uniquement sur les subventions
d’un montant de 800 000 francs à des institutions soumises à un contrat de
prestations au sens de la LIAF (loi sur les indemnités et les aides
financières). Nous n’avons de toute évidence pas le temps ni d’ailleurs les
compétences pour juge du bien-fondé d’une subvention accordée à une
petite association pour un montant de quelques milliers de francs.
2. Pour ces mêmes motifs, notre parlement ne fait plus la distinction entre les
tâches qui relèvent du pouvoir exécutif de celles qui relèvent du pouvoir
législatif. Il viole ainsi la répartition des tâches voulues par nos institutions
et la séparation des pouvoirs.
3. Notre parlement se pense plus compétent et plus avisé que des
fonctionnaires ou des commissions qui ont étudié le dossier. Il désavoue
des employés qui ont fait correctement leur travail en appliquant les lois,
les directives et les instructions que le Grand Conseil a lui-même voulues
et ne manquera pas de le rappeler à ces mêmes fonctionnaires s’il devait
considérer que ceux-ci ont fauté. Cela dénote un manque de respect pour le
travail fourni qui va certainement entraîner un découragement et une
déresponsabilisation de la fonction publique.
4. Notre parlement se désintéresse d’une saine gestion des deniers publics si
cela sert ses intérêts électoraux.
Sur le fond :
1. La responsable au sein de l’Etat (conseillère culturelle au service de la
culture) que nous avons entendue en commission s’est livrée à un véritable
réquisitoire contre la Société genevoise des écrivains. Elle nous indique :

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cette subvention a été analysée par une commission composée d’experts
dans le domaine du livre et de la culture en général. Ces experts confrontent
les demandes aux critères spécifiques de chaque dispositif de soutien. C’est
en fonction de cette expertise que les soutiens sont attribués. Elle rappelle
qu’il y a plus de 200 dossiers qui passent chaque année dans le domaine du
livre. Dans le cas présent, les commissaires ont constaté plusieurs
faiblesses importantes dans les dossiers étudiés entre 2018 et 2024, malgré
les rencontres qui ont eu lieu entre la SGE et les responsables du domaine
du livre entre 2022 et 2024. Ces rencontres ont abordé différents aspects,
comme une programmation culturelle jugée trop éloignée des thèmes
actuels et un manque de renouvellement, ce qui se confirme à la lecture des
programmes et des rapports d’activité. Le sentiment d’entre-soi a
également été relevé. La qualité des dossiers n’était pas à la hauteur des
attentes pour une société historique. Le département a observé que les
dossiers étaient similaires d’une année à l’autre, sans lettre de motivation,
avec des budgets peu clairs et des variations importantes dans les postes
non justifiés. Le département a aussi demandé des précisions concernant la
visibilité des membres, mais n’a jamais obtenu ces informations. De plus,
il n’y avait ni visibilité ni informations sur les publics touchés, qu’elles
soient qualitatives ou quantitatives. Aucune évolution n’a été observée par
rapport aux demandes du département pour se développer face à un public
plus large. Enfin, il n’y a pas eu de recherche de fonds complémentaires.
Les conditions d’octroi stipulent que le canton est subsidiaire à d’autres
demandes de soutien. Un autre point d’interrogation pour le département
réside dans les statuts et le site internet de la SGE, qui laissent planer le
doute sur son affiliation à une faîtière des écrivains, ce qui lui permettrait
d’accéder à certains dispositifs mis en place par le canton. Si la SGE est
une association fermée, composée uniquement d’écrivains se rencontrant
entre eux, cela pose problème, car les soutiens visent à promouvoir la
lecture auprès du public. En revanche, si la SGE est une association
ouverte, visant à promouvoir la lecture à un public plus large, elle pourrait
recevoir un financement, à condition de rectifier les points évoqués
précédemment. Le département ne recommande pas un soutien à la SGE,
sauf si des réformes fondamentales sont effectuées au sein de l’association,
tant au niveau de ses orientations que dans la définition des types de
demandes et des publics qu’elle souhaite atteindre, ainsi que dans son
fonctionnement.
Voilà, n’en jetez plus… tout est dit. Pour ces motifs, la minorité vous invite
à rejeter cette proposition de motion.