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Résumé

1. Titre: Projet de loi sur l'enseignement de l'histoire et de la géographie dans les dernières années de scolarité (Genève) 2. Objectif principal: Maintienner l'enseignement de l'histoire et de la géographie dans les dernières années de scolarité pour garantir une culture générale essentielle et prévenir les risques de polarisation. 3. Modifications législatives proposées et leur portée: Les cantons sont encouragés à maintenir l'enseignement de l'histoire et de la géographie dans les dernières années de scolarité. Aucune modification concrète n'est proposée, mais il est suggéré que ces matières soient considérées comme essentielles pour développer une culture générale et préparer les jeunes à devenir des citoyens responsables et informés. 4. Discussions ou avis exprimés dans le document: Il n'y a pas de vote ni de discussion explicitement mentionné, mais il est suggéré que l'école doit rester "à côté de la société" pour réaliser cette tâche importante. 5. Implications principales: La conservation de l'enseignement de l'histoire et de la géographie dans les dernières années de scolarité permettrait à la future génération de comprendre le monde dans son ensemble, notamment dans un contexte international comme celui de Genève.

Texte extrait

GRAND CONSEIL

de la République et canton de Genève

M 3107

Signataires : Angèle-Marie Habiyakare, Masha Alimi, Guy Mettan, Julien
Nicolet-dit-Félix, Laura Mach, Pierre Eckert, Christo Ivanov, Léo
Peterschmitt, Sophie Demaurex, Yves de Matteis, Marjorie de Chastonay,
Louise Trottet, Grégoire Carasso, Patrick Lussi, Cédric Jeanneret, Uzma
Khamis Vannini, Emilie Fernandez, Philippe de Rougemont, Sophie Bobillier,
Céline Bartolomucci, Thomas Bruchez, Lara Atassi
Date de dépôt : 18 mars 2025

Proposition de motion

pour une éducation critique et citoyenne face aux défis
contemporains
Le GRAND CONSEIL de la République et canton de Genève
considérant :
– l’article 1, lettre a, de la loi sur l’enfance et la jeunesse (LEJ) qui précise
que l’école publique a pour ambition d’« encourager l’intégration et la
participation sociale, culturelle, civique et économique des enfants et des
jeunes » 1 ;
– le projet de réforme de la maturité gymnasiale à Genève
« matu2023.ge » et les propositions de grille horaire mises en
consultation 2 ;
– qu’une des lignes directrices générales que se fixe le nouveau
modèle de maturité gymnasiale est de permettre aux élèves d’acquérir
« des
compétences
interdisciplinaires,
socio-communicatives,
organisationnelles et dans les domaines de l’éducation au développement
durable, de la citoyenneté et du numérique » ;

1
2

SIL – rsGE J 6 01 : Loi sur l’enfance et la jeunesse (LEJ)
matu2023.ch – Accueil : https://www.cdip.ch/fr/la-cdip/actualites/090421

ATAR ROTO PRESSE – 80 ex. – 03.25

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– le fait que ce projet de « matu2023.ge » n’a de cesse de rappeler des
enjeux qui sont justement des objectifs d’apprentissage des cours de
sciences humaines ;
– que l’actualité prouve l’importance grandissante de ces thématiques (fake
news, éducation aux médias, effets désastreux des changements
climatiques…) ;
– que c’est précisément dans le cadre des cours de géographie, d’histoire et
de citoyenneté que ces thématiques sont abordées en profondeur ;
– que tous les différents scénarios de modification de grille horaire
prévoient une diminution de 33% du temps d’enseignement de la
géographie et entre 25% et 50% de réduction du temps d’enseignement de
l’histoire sur l’ensemble du cursus et plus généralement une baisse
importante des périodes d’enseignement consacrées aux sciences
humaines ;
– que ceux-ci prévoient de concentrer l’enseignement de la géographie et de
l’histoire principalement sur les années 1 et 2 (au lieu des années 2, 3 et 4,
comme c’est actuellement le cas), alors même que la complexité des
sujets nécessite un enseignement dans les degrés plus avancés ;
– l’adoption par le Grand Conseil de la motion 2549 pour un renforcement
de l’éducation civique dans l’enseignement obligatoire genevois 3 ;

le rapport RD 1407 du Conseil d’Etat au Grand Conseil sur le programme
numérique à l’école 4 ;
– que les disciplines de sciences humaines sont des partenaires dans la
réflexion autour des objectifs de « matu2023.ge », ainsi que des enjeux du
numérique, afin que nos jeunes ne soient pas seulement des usagers, mais
aient une meilleure compréhension de ce monde qui évolue à une vitesse
grandissante,
invite le Conseil d’Etat
– à maintenir la dotation actuelle ou au minimum de 6 heures
d’enseignement de géographie et d’histoire comme discipline
fondamentale dans le cursus gymnasial des élèves, en priorité sur les
degrés 2, 3 et 4 ;
3
4

M 2549-B – Pour un renforcement de l’éducation civique dans l’enseignement
obligatoire genevois : https://ge.ch/grandconseil/data/texte/M02549B.pdf
RD 1407 – Rapport du Conseil d’Etat au Grand Conseil sur le programme
numérique à l’école : https://ge.ch/grandconseil/data/texte/RD01407.pdf

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– à effectuer un rééquilibrage correctif en faveur de la géographie et de
l’histoire entre les familles de disciplines, et non pas à l’intérieur de la
famille des sciences humaines ;
– à étudier la possibilité d’introduire des périodes d’éducation citoyenne à
la grille horaire.

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EXPOSÉ DES MOTIFS
« Nous autres, humains, nous adorons l’instant,
mais n’existons que dans la durée » 5
Dominique Wolton

Dans un monde où l’information circule à une vitesse qui dépasse notre
entendement, nous privant du temps nécessaire à la réflexion, et où les défis
géopolitiques, environnementaux et sociaux sont de plus en plus
interconnectés, l’enseignement de l’histoire et de la géographie reste
fondamental pour former des citoyens responsables. A une époque où les
plateformes numériques regorgent de données, souvent contradictoires ou
manipulées, il devient essentiel d’avoir les compétences nécessaires pour
discerner le vrai du faux. L’histoire et la géographie ne se contentent pas
d’offrir des connaissances sur le passé et l’espace, elles sont des outils
puissants pour aider les jeunes à comprendre les événements dans leur
contexte, à analyser les informations de manière critique et à développer un
jugement éclairé face à la désinformation.
Les compétences acquises à travers ces disciplines permettent aux élèves
de mieux appréhender les dynamiques mondiales et d’analyser les faits
d’actualité de façon systématique. Elles jouent un rôle clé pour naviguer dans
un environnement saturé d’informations souvent difficiles à retracer et dont
la véracité peut être mise en doute. Grâce à ces matières, les jeunes peuvent
développer une approche critique, comprendre les contextes historiques et
géographiques, et ainsi mieux évaluer la fiabilité des informations qui leur
parviennent. Dans ce monde numérique complexe, l’histoire et la géographie
sont essentielles pour garantir une citoyenneté active et informée.
La réforme de la maturité, bien qu’issue de directives fédérales
officialisées le 28 juin 2023, laisse aux cantons une certaine marge de
manœuvre. Il est essentiel que cette flexibilité soit utilisée pour préserver des
matières fondamentales telles que l’histoire et la géographie, qui jouent un
rôle clé dans la formation de citoyens éclairés et responsables. L’histoire et la
géographie sont des disciplines incontournables pour comprendre les
dynamiques sociales, économiques et politiques qui façonnent notre monde.
Elles offrent aux élèves une culture générale solide, un espace où est donné le
temps de la réflexion et du recul face à des médias (et bulles d’information)
5

« La technique ne fait pas un projet d’éducation », Dominique Wolton, La Revue
Hermès, https://shs.cairn.info/revue-hermes-la-revue-2017-2-page-207?lang=fr

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qui les bombardent ou des raisons d’Etat qui peuvent les laisser perplexes,
leur permettant de développer une pensée critique face aux enjeux
contemporains tels que les crises environnementales, les inégalités ou les
tensions géopolitiques. Ces matières permettent aux jeunes d’appréhender de
manière plus éclairée les événements mondiaux et de participer activement
aux débats publics, essentiels à une citoyenneté engagée. Elles sont
particulièrement pertinentes à Genève, en tant que centre diplomatique
international. Les sciences humaines sont par ailleurs des disciplines qui
invitent les élèves à renforcer leurs compétences d’expression orale et écrite,
les amenant à devoir comprendre et décrire des phénomènes complexes, en
maîtrisant syntaxe, orthographe et vocabulaire adéquats.
Rappelons les objectifs de l’ordonnance sur la reconnaissance des
certificats de maturité gymnasiale (ORM) détaillés par l’article 6 de la
section 2 sur les « exigences minimales relatives aux filières de la maturité
gymnasiale » :
« 1 L’objectif des filières de maturité gymnasiale est de conférer aux titulaires
du certificat la maturité personnelle requise pour entreprendre des études
dans une haute école et de les préparer à assumer des responsabilités
exigeantes au sein de la société. Il s’agit :
a. de leur transmettre, dans la perspective de l’apprentissage tout au long
de la vie, les compétences fondamentales nécessaires à cet effet ;
b. d’encourager leur ouverture d’esprit, leur esprit critique et leur
capacité de jugement ;
c. de leur dispenser une formation générale équilibrée et cohérente, en
évitant la spécialisation ou l’anticipation de connaissances ou
d’aptitudes professionnelles ;
d. de développer leur intelligence, leur volonté, leur sensibilité éthique
et esthétique ainsi que leurs aptitudes physiques.
2

Les titulaires d’un certificat de maturité gymnasiale sont capables :
a. d’acquérir de nouvelles connaissances et compétences, tant
disciplinaires que transversales ;
b. de développer leur curiosité, leur imagination et leur faculté de
communiquer ;
c. de travailler seuls et en groupe ;
d. de raisonner de manière logique et de faire preuve d’abstraction ;
e. de penser de manière intuitive, analogique et contextuelle ;
(…)

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Ils sont aptes à se situer dans le monde naturel, technique, économique,
social et culturel dans lequel ils vivent, dans ses dimensions suisses et
internationales, actuelles, historiques et futures. Ils sont prêts à y exercer
leur responsabilité à l’égard d’eux-mêmes, d’autrui, de la société et de la
nature. » 6
4

Les objectifs de l’ORM démontrent la nécessité de ne pas réduire les
heures d’enseignement d’histoire et de géographie. Il est important de
rappeler que, dans les scénarios « matu2023.ge », il y a 6 heures dédiées à la
maîtrise de groupe et notamment à des « ateliers de transversalités ». Il est
important de noter que l’histoire et la géographie sont justement des matières
transversales qui peuvent intégrer de nouvelles notions de transversalité, mais
à condition d’avoir un enseignement régulier et continu.
Toujours dans la perspective de miser sur la durée pour obtenir des acquis
solides, des ateliers ou des semaines décloisonnées ne remplacent pas la
qualité de ces cours.
Enjeux
« Deux conséquences découlent du caractère unique de cette activité, tout
de même bien particulière, qui consiste à chaque génération à transmettre à
la génération suivante le patrimoine de l’humanité ! » 7
Dans un contexte où la confusion informationnelle est omniprésente,
l’histoire et la géographie jouent un rôle crucial pour éviter les dérives
simplistes et les malentendus. Ces disciplines offrent aux élèves un cadre
d’analyse rigoureux, leur permettant de mieux comprendre les enjeux
mondiaux et de distinguer les faits des opinions manipulées. Elles créent
aussi un espace de dialogue et de réflexion, essentiel pour développer des
compétences critiques et responsables, et pour s’engager activement dans la
vie démocratique. Dans un environnement international où les rapports de
force dominent de plus en plus, laissant les approches multilatérales, ces
matières permettent aux jeunes de prendre du recul, d’aborder les défis
globaux avec discernement et de participer à des débats constructifs. Réduire
leur enseignement, surtout dans les années charnières de 2e, 3e et 4e année,
risquerait de priver les jeunes de la culture générale indispensable à la
création d’une société cohésive, informée et prête à relever les défis
contemporains.
6
7

https://www.fedlex.admin.ch/eli/oc/2023/373/fr
« La technique ne fait pas un projet d’éducation », Dominique Wolton, La Revue
Hermès, https://shs.cairn.info/revue-hermes-la-revue-2017-2-page-207?lang=fr

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« D’abord préserver l’autonomie (…). » 8
Le monde évolue à une vitesse sans précédent. Cependant, il est
également crucial de préserver des savoirs et des valeurs qui traversent le
temps et forment la base de notre culture. Ces éléments, transmis de
génération en génération, sont essentiels pour comprendre notre société.
L’histoire et la géographie proposent des outils permettant aux élèves de
prendre du recul et de mieux saisir les enjeux actuels, en particulier sur leur
rapport à la connaissance à l’ère numérique. Plus il y a de vitesse, du direct,
de l’instantané, plus il faudrait réintroduire de la durée de l’autre côté
(histoire, culture), prendre le temps de se plonger dans une attention
profonde, car c’est elle qui vient élaborer ce que deviendront nos jeunes, et ce
que nous sommes.
Avec l’émergence de l’intelligence artificielle, la question de l’avenir du
travail humain se pose avec acuité. Dans ce contexte, il semble primordial de
conserver le temps nécessaire pour réfléchir à des enjeux essentiels : notre
humanité, notre place dans la société, notre environnement, et le sens de
notre existence. Ces questions, qui touchent au cœur de notre vie de
citoyen, ne devraient pas être réduites.
« La seconde conséquence est de rappeler que l’univers de l’école n’est
pas l’information, mais la connaissance et la culture. » 9
L’histoire et la géographie jouent ici un rôle clé. Dans une époque où
l’immédiateté et la rapidité de l’information prennent souvent le dessus, ces
matières permettent de mettre en perspective le présent, d’ancrer les élèves
dans le passé et de leur offrir un cadre pour distinguer le vrai du faux. A une
époque où les jeunes sont constamment exposés à des informations de qualité
variable, l’histoire et la géographie les invitent à réfléchir sur des enjeux
contemporains comme la citoyenneté numérique, la gestion de l’information,
les fake news, ou encore l’évolution de la démocratie et des valeurs
collectives.
Des initiatives comme celles d’un site du service écoles-médias
s’intitulant « Histoire et culture numérique, L’enseignement de l’histoire à
l’ère du numérique » 10 montrent comment l’histoire peut être mise au service
de ces réflexions modernes. Il est plus que jamais nécessaire d’offrir aux
élèves les outils pour développer une pensée critique et une conscience
8
9
10

Idem
Idem
« L’enseignement de l’histoire à l’ère du numérique », service écoles-médias GE,
https://edu.ge.ch/site/ressources-enseignement-histoire/

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citoyenne, afin de faire face aux défis de demain dans un monde de plus
en plus complexe.
La maturité doit avant tout offrir une culture générale qui servira de
fondation pour des spécialisations futures. L’histoire et la géographie y
jouent un rôle fondamental, en offrant des clés de compréhension des enjeux
mondiaux. Ces matières permettent de préparer les jeunes à aborder les défis
globaux avec un esprit critique, et garantissent une éducation équilibrée qui
dépasse la spécialisation.
Conclusion
Il est crucial que les cantons maintiennent l’enseignement de l’histoire et
de la géographie, surtout dans les dernières années de la scolarité, pour
garantir une culture générale essentielle et prévenir les risques de
polarisation. Ces disciplines sont indispensables pour préparer les élèves à
devenir des citoyens responsables et informés, capables de participer aux
débats contemporains, et de comprendre le monde dans lequel ils vivent,
notamment dans un contexte international comme celui de Genève.
« Pour réaliser cette tâche immense, l’école doit rester « à côté de la
société ». Plus l’école est socialisée, adaptée au modernisme, plus elle
échappe à cette mission unique. L’inadaptation de l’école est la condition
pour « adapter » les élèves. Apprendre à être, ce n’est pas d’abord s’adapter.
C’est se construire pour ensuite s’adapter avec la dimension critique
nécessaire. A quelle distance se tenir de la société, de la modernité, de l’air
du temps ? Voilà la question centrale (…) La société peut privilégier
l’information, pas l’école. La connaissance est bien autre chose que la
somme des informations, et même si les informations sont abondantes,
rapides, efficaces, les connaissances, comme la culture d’ailleurs, sont un
processus plus lent, incertain, au rendement parfois aléatoire mais en tout
cas indispensable pour compléter le règne de l’information. » 11
En vue des explications, nous vous invitons, Mesdames les députées et
Messieurs les députés, à soutenir la présente proposition de motion.

11

« La technique ne fait pas un projet d’éducation », Dominique Wolton, La Revue
Hermès, https://shs.cairn.info/revue-hermes-la-revue-2017-2-page-207?lang=fr