31075_P02234A_petitionrapport.pdf
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Importé le: 19/11/2025 11:25
Statut: Traité
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Fonctionnalités avancées
Résumé
### Résumé du document législatif
1. **Titre et référence exacte du projet de loi/document législatif :**
- Grand Conseil de la République et canton de Genève
- P 2234-A
- Date de dépôt : 11 août 2025
- Rapport de la commission des pétitions sur la pétition : "Permettons aux éducateurs de la petite enfance de travailler dans tous les milieux accueillant des enfants"
2. **Objectif principal :**
- Permettre aux éducateurs de la petite enfance d'exercer leurs compétences dans tous les milieux accueillant des enfants, au-delà des crèches et garderies.
3. **Modifications législatives proposées et leur portée :**
- Révision des conditions d'emploi des éducateurs de la petite enfance pour leur permettre d'intervenir dans divers milieux tels que les écoles, hôpitaux, centres de loisirs, et autres structures d'accueil.
4. **Discussions ou avis exprimés dans le document (majorité/minorité) :**
- La pétition a été soutenue par des témoignages d'éducateurs, notamment de Mme Rachel Da Silva, qui souligne la nécessité d'élargir le champ d'action des éducateurs pour répondre aux besoins croissants dans divers secteurs.
- Des préoccupations ont été exprimées par des membres de la commission concernant la pénurie de professionnels dans le domaine préscolaire et les implications d'une telle ouverture sur le secteur de la petite enfance.
- La conseillère d'État, Mme Anne Hiltpold, a mentionné que la profession est axée sur l'enfance et qu'il existe une forte demande pour les éducateurs dans le domaine préscolaire à Genève.
5. **Implications principales de ce projet :**
- L'élargissement des possibilités d'emploi pour les éducateurs de la petite enfance pourrait améliorer leur reconnaissance professionnelle et réduire le taux d'abandon de la profession.
- Cela pourrait également répondre à la pénurie de professionnels dans divers secteurs accueillant des enfants, tout en assurant une qualité d'accompagnement reconnue.
- Toutefois, des inquiétudes subsistent quant à l'impact sur le secteur de la petite enfance et la nécessité de résoudre les problèmes de pénurie avant d'engager ces éducateurs dans d'autres domaines.
Texte extrait
GRAND CONSEIL
de la République et canton de Genève
P 2234-A
Date de dépôt : 11 août 2025
Rapport
de la commission des pétitions chargée d’étudier la pétition :
Permettons aux éducateurs de la petite enfance de travailler dans
tous les milieux accueillant des enfants
Rapport de Jean-Marie Voumard (page 4)
ATAR ROTO PRESSE – 80 ex. – 08.25
P 2234-A
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Pétition
(2234-A)
Permettons aux éducateurs de la petite enfance de travailler dans tous
les milieux accueillant des enfants
Nous, soussignés, demandons une réforme pour permettre aux éducateurs
de la petite enfance d’exercer leurs compétences et savoir-faire dans tous les
milieux où des enfants sont accueillis, et pas uniquement dans les crèches ou
les garderies.
Aujourd’hui, les éducateurs de la petite enfance possèdent une expertise
solide dans l’accompagnement au développement, à l’éducation et au bien-être
des jeunes enfants. Cependant, leur champ d’action reste souvent limité aux
structures d’accueil de la petite enfance. Nous croyons qu’ils peuvent jouer un
rôle clé dans des environnements variés, tels que :
– les écoles (écoles primaires, cycles d’orientation) ;
– les hôpitaux et services pédiatriques ;
– les centres de loisirs et autres activités extrascolaires ;
– les structures d’accueil d’urgence ou sociales ;
– tout autre cadre où des enfants sont pris en charge.
Pourquoi est-ce important ?
1. Favoriser le développement des enfants : Les éducateurs de la petite
enfance sont formés pour répondre aux besoins des jeunes enfants dans
toutes les dimensions de leur développement. Leur présence dans divers
milieux renforcerait l’encadrement des enfants au quotidien.
2. Répondre aux besoins croissants : De nombreux secteurs souffrent d’un
manque de professionnels formés pour s’occuper des enfants dans des
contextes spécifiques. La possibilité d’intégrer les éducateurs de la petite
enfance dans ces structures permettrait de répondre à ces besoins tout en
assurant une qualité d’accompagnement reconnue.
3. Valoriser et diversifier la profession : En élargissant le champ
d’intervention des éducateurs de la petite enfance, on reconnaîtrait leur
valeur ajoutée au-delà des crèches, tout en créant plus d’opportunités
professionnelles dans des secteurs variés. Cette réforme serait bénéfique
pour les enfants, les familles, et la société dans son ensemble.
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Nous demandons donc une révision des conditions d’emploi des éducateurs
de la petite enfance afin qu’ils puissent intervenir dans différents milieux où
sont accueillis des enfants, et ainsi contribuer pleinement à leur
développement.
Pour soutenir cette évolution et permettre aux éducateurs de la petite
enfance de mettre leurs compétences au service de tous les enfants, dans une
plus grande diversité de structures !!
N.B. 1 signature 1
Mme Rachel da Silva
Chemin du Premier-Août 5
1212 Grand-Lancy
1
Pour information, la pétition est en outre munie d’environ 323 signatures
électroniques.
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Rapport de Jean-Marie Voumard
La commission s’est réunie à trois reprises, soit les 3 février, 3 mars et
14 avril 2025 pour examiner cette pétition, sous la présidence de M. Alexis
Barbey. Mme Nadia Salama, secrétaire scientifique, a assisté nos travaux. Les
procès-verbaux ont été tenus par M. Christophe Vuilleumier.
Audition de M me Rachel Da Silva, pétitionnaire
Mme Da Silva prend la parole et explique être éducatrice de la petite enfance
depuis des années et avoir travaillé dans le milieu des crèches depuis l’âge de
15 ans. Elle ajoute avoir constaté que travailler ailleurs que dans les crèches
était impossible malgré son expérience. Elle mentionne que ce constat est
partagé, raison pour laquelle cette pétition a été déposée. Elle rappelle que les
éducatrices ont une formation leur permettant de s’occuper d’enfants de 0 à
12 ans et devraient donc pouvoir travailler hors des crèches. Elle remarque
qu’ouvrir les possibilités permettrait en outre d’éviter que les éducatrices
abandonnent cette activité.
Elle observe que d’autres cantons permettent aux éducatrices de travailler
dans tous les secteurs, ce qui n’est pas le cas à Genève. Elle signale que 30%
des éducateurs arrêtent leur activité et se réorientent, ce qui est très élevé par
rapport à d’autres branches.
Elle indique qu’il y a pourtant des manques, comme dans le domaine des
éducateurs spécialisés qui souffre d’une insuffisance de professionnels. Elle
rappelle que l’école d’éducateurs et les associations ont demandé que cette
formation soit ouverte, ce qui a toujours été refusé.
Le président demande s’il y a des possibilités de passerelle entre ES et HES.
Mme Da Silva acquiesce, mais elle déclare que cela implique deux ans
supplémentaires, ce qui n’est pas très léger. Elle signale alors que le foyer
Piccolo demande à ses employés le Bachelor HETS, et elle remarque qu’il
n’est visiblement pas possible de modifier cette situation en raison de la loi.
Elle évoque alors le service de surveillance et d’autorisation pour l’accueil de
jour et elle remarque que dans le canton de Vaud, le diplôme ES suffit.
Elle déclare encore que les éducatrices de la petite enfance ont répondu à
un questionnaire qui révèle que la rémunération est insuffisante, que la
reconnaissance est faible, qu’il est difficile de concilier vie professionnelle et
personnelle, et que l’évolution de carrière est difficile. Elle pense dès lors que
cette pétition pourrait permettre de pallier ce manque d’évolution et la faiblesse
de la reconnaissance. Elle remarque que Genève a plus de 3000 éducatrices de
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la petite enfance qui sont cantonnées aux crèches et qui pourraient intervenir
dans d’autres secteurs.
Une députée LC remarque qu’il y a donc les éducateurs de l’enfance, les
éducateurs spécialisés et les HETS, et elle demande quelles sont les filières et
les différences de compétences.
Mme Da Silva répond que le diplôme d’éducatrice de la petite enfance est
un diplôme ES alors que les éducatrices spécialisées sortent de la formation
HES. Elle remarque que l’éducatrice de la petite enfance suit une formation de
trois ans, la HETS offrant une formation de trois ans également avec une partie
en HES.
Cette même députée remarque donc que ceux qui choisissent la HETS
répondent à des exigences supérieures à l’entrée de la formation.
Mme Da Silva répond que ce sont deux sections différentes, l’éducatrice
spécialisée s’occupant des foyers alors que l’éducatrice de la petite enfance est
cantonnée à la petite enfance. Elle ajoute que les exigences sont similaires dans
les deux filières.
Une commissaire LC demande quelle est la compétence de plus qu’il faut
avoir pour travailler dans un foyer par rapport à une crèche.
Mme Da Silva répond que la plupart des gens partent sur la HETS qui offre
plus de débouchés.
Un député PLR demande quel est le niveau de diplôme dans l’une et l’autre
filière.
Mme Da Silva répond que la ES conduit à un diplôme spécialisé alors que
la HES mène à un bachelor.
Ce même député demande si ce diplôme spécialisé correspond à un CFC.
Mme Da Silva répond par la négative en mentionnant que le diplôme est
au-dessus du CFC.
Un commissaire PLR demande qui donne les formations.
Mme Da Silva répond que c’est l’Ecole supérieure d’éducatrices et
d’éducateurs de l’enfance, l’ESEDE.
Ce même commissaire ne comprend pas le lien entre l’ouverture du champ
et la pénurie d’effectifs.
Mme Da Silva répond que cela pourrait pousser les gens à suivre cette
formation. Elle répète que les gens préfèrent suivre d’autres formations qui
offrent plus de débouchés. Elle déclare qu’il y a 1740 éducateurs de la petite
enfance à Genève et indique que la municipalisation du domaine entraîne la
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suppression de certains postes dans plusieurs communes. Elle remarque
notamment que le nombre de postes de directrice ou d’adjointe diminue.
Un député PLR remarque que chaque canton semble fonctionner de
manière différente.
Mme Da Silva acquiesce et déclare que les éducateurs de la petite enfance
ne savent jamais à quel règlement se référer. Et elle remarque que la présence
des éducateurs français ne fait qu’ajouter à la complexité.
Ce même député demande si Genève propose le pire système.
Mme Da Silva répond que ce modèle ne donne pas envie de s’investir dans
ce domaine.
Un commissaire PLR demande quel serait dès lors le modèle idéal.
Mme Da Silva pense que le modèle vaudois est bien équilibré, les secteurs
des foyers et des écoles étant ouverts et représentant un grand intérêt pour les
éducateurs de la petite enfance.
Ce même député demande si le canton de Vaud rencontre également des
problèmes de pénurie.
Mme Da Silva répond que la pénurie est moins forte sur le canton de Vaud
qu’à Genève. Elle observe en revanche que les Vaudois préfèrent venir
travailler à Genève à cause des niveaux de salaire, ce qui entraîne une pénurie
dans ce canton. Elle rappelle que Genève a les plus hauts salaires du domaine.
Un député PLR remarque toutefois que le salaire ne fait pas tout.
Mme Da Silva pense, à titre personnel, que si l’on aime son métier, le salaire
est finalement secondaire.
Un commissaire S remarque que 30% de professionnels quittent la branche,
mais il mentionne que lorsque les gens entament cette formation, ils savent à
quoi s’attendre. Il observe que les conditions de travail difficiles se retrouvent
dans d’autres domaines. Il se demande s’il n’y a pas des contradictions.
Mme Da Silva répond qu’un député a déclaré qu’il était « facile de torcher
le cul des enfants », et elle pense qu’il y a un manque de reconnaissance du
rôle de l’éducatrice qui, selon de nombreuses personnes, joue avec les enfants.
Mais elle rappelle qu’il s’agit d’un travail qui pourrait être valorisé dans
d’autres secteurs comme les foyers. Elle rappelle que les éducatrices ont de
grandes connaissances et sont habilitées à faire des observations. Elle ajoute
que les éducatrices qui travaillent en crèche se lassent au bout de dix ans, et
elle pense que la perspective d’avoir d’autres débouchés serait la bienvenue.
Ce même député déclare qu’ouvrir le champ aux éducateurs de la petite
enfance risquerait en fin de compte de tarir le champ de la petite enfance.
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Mme Da Silva répond que les éducateurs de la petite enfance sont déjà en
diminution. Cela étant, les ASE sont en train de remplacer les éducatrices
progressivement. Elle ajoute avoir rencontré l’association genevoise des
éducatrices et éducateurs de l’enfance qui regroupe 300 membres et qui
soutient cette pétition.
Un député S demande si les matières sont les mêmes dans les deux
formations.
Mme Da Silva répond que chaque formation a ses propres modules, mais
elle déclare que d’autres professions comme les psychologues de la petite
enfance peuvent œuvrer dans ces domaines, contrairement aux éducateurs de
la petite enfance.
Un commissaire Ve demande si l’association faîtière a été contactée.
Mme Da Silva acquiesce et déclare que cette organisation soutient la
pétition.
Ce même député demande comment imaginer l’implication des éducatrices
de la petite enfance au sein de l’école.
Mme Da Silva répond qu’il y a des possibilités d’avoir des duos entre
l’enseignant et des intervenants à l’école primaire, et elle remarque que ces
derniers pourraient être des éducateurs. Elle répète plaider pour un regard plus
large qu’uniquement les crèches. Elle ajoute qu’en France, des éducateurs
travaillent également dans des hôpitaux. Elle remarque en effet que les
infirmières n’ont pas toujours le temps d’encadrer les enfants.
Un député S remercie Mme Da Silva pour sa pétition. Il demande quel est le
cadre légal.
Mme Da Silva répond ignorer la loi spécifique.
Ce même député déclare que le règlement de la petite enfance statue sur la
profession. Il demande si elle a eu des contacts avec le département.
Mme Da Silva répond avoir rencontré Mme Hiltpold qui a indiqué qu’une
ouverture de la profession risquerait d’inquiéter les communes, mais elle pense
que des réponses existent pour pallier ces craintes.
Une députée LC remarque qu’il semble préférable en fin de compte de
mener ses études dans le domaine en France ou dans le canton de Vaud.
Mme Da Silva acquiesce.
Un commissaire S demande quelle serait l’implication de cette profession
au cycle.
Mme Da Silva répond qu’il y a des élèves qui ont 11 ou 12 ans au cycle. Elle
ajoute que ces derniers ont des assistantes sociales et des spécialistes de
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l’orientation professionnelle, et elle pense qu’une éducatrice pourrait avoir une
vision plus pointue.
Ce même député demande ce qu’il faut penser de l’inclusion de la petite
enfance.
Mme Da Silva répond que l’éducatrice pourrait rappeler aux différents
intervenants que les enfants sont des enfants qui ont besoin de courir ou de
jouer.
Audition de Mme Anne Hiltpold, conseillère d’Etat, et de Mme Eléonore
Zottos, secrétaire générale adjointe – DIP
Mme Hiltpold prend la parole et explique que la profession dont il est
question porte sur l’enfance et non sur la petite enfance. Elle indique qu’il
existe un plan d’étude cadre sur cette profession en remarquant que ce titre ne
comporte pas de limitation à la petite enfance. Elle observe par ailleurs que le
canton de Vaud a choisi d’engager des éducateurs de l’enfance dans des
structures parascolaires. Cela étant, elle indique qu’il y a une très forte
demande pour ces éducateurs et éducatrices de l’enfance à Genève dans le
domaine de l’accueil préscolaire, raison pour laquelle les employeurs se
tournent vers d’autres professions dans plusieurs domaines en lien avec
l’enfance, comme des ASE, des éducateurs sociaux ou animateurs. Elle déclare
que des entités comme la FOJ peuvent donc normalement engager des
éducateurs de l’enfance. Elle ajoute que le problème relève ainsi de la pénurie
dans le domaine préscolaire et elle déclare qu’il convient de résoudre ce
problème avant d’engager ce type d’éducateurs dans d’autres secteurs. Elle
mentionne qu’il convient de former plus et de mieux faire connaître ce métier
et ses débouchés. Elle ajoute que des réflexions sont en cours sur des
passerelles avec la Haute école de travail social (HETS).
Elle mentionne que tout est possible sous l’angle règlementaire, mais qu’à
l’heure actuelle, il n’y a pas d’engagement en dehors du préscolaire en raison
de la pénurie. Elle observe en outre que ce personnel ne se sent pas valorisé et
aimerait parfois sortir de son secteur, ce que l’on peut comprendre, mais elle
mentionne que si le DIP engageait 50 éducateurs de l’enfance, le tollé au sein
des communes serait très important, communes qui se battent précisément pour
engager ce personnel.
Un député S mentionne que la pétition part d’un cas personnel, la
pétitionnaire expliquant que de nombreuses personnes se tournent vers
d’autres domaines, faute de perspectives. Il se demande quelle est la différence
entre la ES et la HETS.
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Mme Hiltpold répond qu’il faut une maturité pour entrer dans une HES,
alors qu’un certificat de l’ECG est suffisant pour une école supérieure. Les
niveaux ne sont donc pas les mêmes. Elle ajoute que la question d’un titre
inhérent à la formation HES se pose, mais elle remarque que le canton de
Genève ne peut pas décider seul de décerner ce titre, puisque cette formation
est de nature intercantonale. Elle ajoute que la perspective de passerelles vers
la HES semble ainsi préférable.
Un député PLR remarque que la HETS forme des éducateurs alors que la
ES est une école supérieure.
Mme Hiltpold acquiesce. Il s’agit de l’ESEDE, l’Ecole supérieure
d’éducatrices et d’éducateurs de l’enfance.
Ce même député demande quelles sont les compétences de la filière HES.
Mme Zottos répond que l’environnement de travail des éducateurs HES
n’est pas le même. Elle observe par exemple qu’une seule commune a engagé
des éducateurs de niveau HES pour accompagner des familles précarisées dans
les structures de la petite enfance ; un travail qui n’est pas de la même nature
que celui des éducateurs de l’enfance.
Mme Hiltpold observe que les cantons alémaniques ont plus d’écoles
supérieures que les cantons romands, qui ont des hautes écoles supérieures (le
système HES).
Audition de Mme Cindy Villar, coprésidente de l’AGEDE, et de Mme Marie
Gedovius, membre
Mme Gedovius prend la parole et déclare que la pétition est assez explicite.
Elle évoque l’importance d’un accompagnement professionnel dans
l’éducation de l’enfant, une importance qui ressort de plusieurs études et qui
fait l’objet de recommandations internationales. Elle ajoute que le problème à
Genève relève de la formation spécifique des EDE (éducatrices et éducateurs
de l’enfance), qui sont restreints à l’accompagnement de la petite enfance alors
que leurs compétences sont variées et couvrent plusieurs aspects. Elle indique
que la recherche est venue démontrer que les interactions professionnelles
jouent un rôle important pour le développement de l’enfant, puisque c’est à cet
âge que les connexions du cerveau se forment. Elle évoque encore les
transitions éducatives, soit le passage entre le premier accueil de l’enfant
(milieu familial, famille de jour, crèche…) et l’école enfantine, et elle déclare
qu’il existe un manque à ce niveau, ainsi que l’indique l’association Pro
Enfance.
Elle explique ensuite que la réforme qui est envisagée pourrait entraîner
des économies, car chaque franc investi dans le domaine entraîne
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indirectement un bénéfice oscillant entre 1,60 et 5,80 francs. Elle remarque que
les bénéfices sont également sociaux et impliquent notamment une réduction
des inégalités et le développement des potentiels. Elle déclare encore que cet
encadrement permet de défendre les droits de l’enfant, quel que soit son milieu.
Elle évoque encore d’autres cantons et observe que les EDE sont intégrés
dans les institutions spécialisées fribourgeoises avec des champs d’action
beaucoup plus larges qu’à Genève alors qu’à Neuchâtel, les EDE sont actifs
dans le domaine parascolaire. Elle estime que les EDE à Genève sont sousutilisés et pourraient être impliqués dans d’autres domaines, ce qui pourrait
susciter un renouvellement de l’intérêt pour le métier. Elle invite donc les
commissaires à étudier cette réforme de manière approfondie.
Mme Villar déclare que l’association AGEDE représente 300 membres sur
les 3000 EDE et elle remarque qu’un sondage a été réalisé auprès de ceux-ci.
Elle précise que 119 réponses ont été enregistrées. Elle mentionne qu’il ressort
de ce sondage que 95% des personnes pensent que ce métier serait plus attirant
si les domaines d’activité étaient ouverts, estimant que les formations sont
suffisantes pour ce faire. Elle explique encore que les personnes actives dans
ce domaine cherchent bien souvent à se renouveler après quelques années, et
elle remarque que des perspectives de débouchés plus variés entraîneraient un
regain d’intérêt et permettraient de pallier le manque d’éducateurs.
Une députée LC comprend mal les différences entre les différents types
d’éducateurs, observant que les EDE ne peuvent intervenir que dans les
crèches alors que c’est là que les besoins avérés semblent les plus criants. Elle
comprend qu’une ouverture de cette profession à d’autres domaines
entraînerait le financement de nouveaux postes et elle demande quel serait le
surcoût.
Mme Villar répond que les EDE sont issus de la filière ES, et non de la HES,
les éducateurs spécialisés étant reconnus pour leur part pour les enfants, les
personnes handicapées et les personnes âgées. Elle ajoute que les EDE, quant
à eux, sont spécialisés uniquement pour les enfants et l’accompagnement du
développement de ces derniers. Elle ajoute que les EDE sont par ailleurs moins
chers et remarque que ces derniers peuvent travailler en complémentarité avec
un enseignant pour des enfants qui ont des troubles, ce qui permet d’éviter de
recourir à des procédures plus spécialisées.
Mme Gedovius ajoute que cela implique un travail pluridisciplinaire.
Une commissaire LC déclare que lorsque le SASAGE (service
d’autorisation et de surveillance de l’accueil de jour) demande des éducatrices
HES pour des enfants, les EDE pourraient donc intervenir.
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Mme Villar acquiesce et déclare que le règlement actuel précise que les EDE
sont aptes pour l’accompagnement d’enfants préscolaires, mais aussi scolaires.
Une commissaire LC remarque qu’il faudrait changer le règlement
préscolaire qui oblige le recours à des éducateurs spécialisés.
Un député PLR pensait que les éducateurs ES étaient formés pour l’enfance
jusqu’à 12 ans.
Mme Gedovius acquiesce.
Ce même député ajoute que le problème est en fin de compte que cette
profession est très demandée, mais que la formation ne suit pas, ce qui empêche
finalement d’ouvrir la profession à d’autres domaines, indépendamment de
contraintes règlementaires.
Mme Gedovius répond que c’est en effet le cas.
Ce commissaire demande si des EDE ont essuyé des refus motivés par des
arguments portant sur une éventuelle formation insuffisante.
Mme Villar répond que le problème relève de l’impossibilité d’évolution
dans le domaine en dehors des crèches malgré les compétences des EDE, ce
qui entraîne une perte d’attrait pour le métier. Elle pense que les compétences
des EDE ne sont pas suffisamment mises en avant. Elle déclare que la plupart
des gens n’ont effectivement pas connaissance de la valeur de ce métier et des
dynamiques que ce dernier peut générer.
Un député PLR demande s’il y a des exemples.
Mme Villar répond que certains enfants encadrés par des éducateurs
spécialisés pourraient être pris en charge par des EDE. Elle précise en avoir
fait l’expérience.
Ce député demande de quelle réforme il est question dans la bouche de
Mme Gedovius.
Mme Gedovius répond qu’elle parlait de la pétition qui implique une
réforme.
Un commissaire S comprend que le métier devrait évoluer, mais il
remarque que les crèches manquent de professionnels, et il se demande si une
ouverture de ce métier ne risquerait pas de générer une pénurie d’autant plus
grande.
Mme Gedovius répond qu’une ouverture pourrait surtout motiver des jeunes
à s’investir dans cette profession, et donc pallier la pénurie.
Mme Villar ajoute que la pénurie d’éducateurs relève aussi des conditions
de travail qui sont pénibles, émotionnellement épuisantes, et elle pense que les
personnes qui resteraient en crèche seraient véritablement celles qui en ont
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envie. Elle ajoute que la perspective de mobilité professionnelle serait donc un
avantage.
Ce député demande si un complément de formation serait nécessaire.
Mme Villar répond que l’idée est d’être complémentaire avec les autres
professionnels, les EDE intervenant surtout au niveau du dépistage. Elle ajoute
qu’il n’est pas question de prendre la place d’une autre profession.
Un commissaire S évoque les services éducatifs itinérants qui impliquent
des éducateurs spécialisés dans les classes, et il demande s’il ne s’agit que de
personnes diplômées HES.
Mme Villar acquiesce.
Un député S remarque qu’un EDE ne serait donc pas reconnu dans ce
système non pas pour des raisons règlementaires, mais pour des raisons de
pénurie dans les communes.
Mme Villar répond que c’est l’une des raisons. Mais elle estime qu’il y a
aussi une méconnaissance des compétences des EDE.
Ce député demande si cette profession se masculinise.
Mme Gedovius répond qu’il y a 3 à 5 hommes sur une volée de 20 étudiants
cette année.
Mme Villar déclare que dans le cercle des ASE (assistantes et assistants
socio-éducatifs) qui accompagnent des enfants, des personnes âgées ou des
personnes en situation de handicap physique ou mental, il y a beaucoup plus
d’hommes.
Mme Gedovius ajoute que s’il y avait plus de débouchés dans le métier, il y
aurait plus d’hommes.
Une députée Ve demande si les ASE sont diplômés HES.
Mme Villar répond qu’il s’agit d’un apprentissage CFC.
Cette députée remarque donc que les personnes diplômées HES et les CFC
ont plus de débouchés que les EDE.
Mme Villar acquiesce.
Cette commissaire demande si les ASE doivent être supervisés.
Mme Villar acquiesce.
Une députée Ve remarque que le département a indiqué qu’une ouverture
du métier entraînerait des carences dans les communes et elle se demande ce
qu’il faut en penser.
Mme Villar répond qu’à terme, en l’état, des crèches devront fermer,
puisqu’il n’y aura plus suffisamment de personnel. Elle déclare que c’est l’une
des raisons pour lesquelles il faut trouver une solution.
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Cette députée mentionne qu’une ouverture sur d’autres débouchés
risquerait de générer quelques années difficiles avant que la situation puisse
s’équilibrer.
Mme Villar remarque qu’une ouverture permettrait d’augmenter le nombre
d’étudiants et de varier le cadre professionnel d’un certain nombre de
personnes en poste qui, dès lors, seraient plus motivées. Elle pense que la
qualité devrait être la principale préoccupation.
Une députée Ve remarque que multiplier les débouchés semble plus
important que de réfléchir aux conditions de travail et d’améliorer ces
dernières. Elle ajoute que la pénurie d’éducateurs est le souci principal.
Un député S demande si, pour valoriser ce métier, la seule solution consiste
à multiplier les débouchés.
Mme Gedovius répond par la négative et déclare qu’une reconnaissance
HETS serait également judicieuse.
Mme Villar déclare que le combat pour faire passer la formation des
éducateurs de l’enfance sous le statut des hautes écoles est maintenant ancien
et elle mentionne que cette reconnaissance permettrait de mettre à niveau les
personnes ES et celles HES.
Un commissaire S déclare ne pas avoir entendu que le métier était mal payé,
et il se demande si c’est un argument.
Mme Gedovius répond qu’une revalorisation salariale découlerait
inévitablement d’une reconnaissance HETS.
Le président demande s’il existe une passerelle entre éducateurs de
l’enfance et HETS.
Mme Villar acquiesce. En revanche, elle n’est pas certaine des conditions.
Elle demande pourquoi la Commission a demandé l’avis de l’AGEDE.
Audition de Mme Valérie Alheritiere, directrice du centre de formation
professionnelle auquel appartient l’ESED
Mme Alheritiere prend la parole et déclare que c’est un plan d’étude cadre
fédéral qui précise la formation des éducateurs de l’enfance, de 0 à 12 ans. Elle
ajoute que le cas de Genève est très particulier, puisque dans le canton de Vaud,
ce sont les éducateurs de l’enfance qui gèrent le parascolaire. Elle remarque
qu’il n’y a donc pas de contre-indication à recruter des éducateurs de l’enfance
dans d’autres cadres que les crèches, à l’exception peut-être du cycle
d’orientation. Elle remarque que la formation permet aux éducateurs de
l’enfance de travailler dans tous les milieux qui voient la présence d’enfants
de 0 à 12 ans. Elle mentionne que des stages sont d’ailleurs organisés avec des
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classes 1P et 2P et le parascolaire. Elle précise que c’est le nombre restreint
d’éducateurs de l’enfance qui représente une contrainte.
Un député S remarque qu’il est donc question des éducateurs de l’enfance,
et non de la petite enfance.
Mme Alheritiere acquiesce.
Ce député demande s’il n’y a pas une harmonisation de la formation à
envisager.
Mme Alheritiere répond que cette formation relève du tertiaire B et nécessite
des personnes qui ont du leadership, qui organisent des projets et les
développent. Elle mentionne que ce sont les éducatrices qui sont responsables
dans les crèches, non seulement de la sécurité, mais aussi de la pédagogie. Il y
a beaucoup de compétences transversales dont l’application diffère selon le
milieu. Elle remarque que les étudiants réalisent des stages tout au long de leur
formation, et elle observe qu’il serait possible de déployer des stages dans
d’autres milieux.
Ce même commissaire demande si les éducateurs de l’enfance ont des
possibilités d’évolution professionnelle à l’heure actuelle.
Mme Alheritiere répond qu’il y a une pénurie d’éducateurs de l’enfance, ce
qui implique que tous les étudiants ont un travail à la sortie des études, mais
elle déclare qu’il n’y a effectivement pas de très nombreuses possibilités
d’évolution. Elle remarque que la problématique est un peu similaire à celle
des infirmières. Elle indique que des passerelles sont en train d’être étudiées,
notamment en cours d’emploi. Elle remarque qu’ouvrir les perspectives
pourrait peut-être diminuer la pénurie, puisque l’attractivité de ce métier serait
renforcée.
Un député S demande si elle soutient la pétition telle que rédigée.
Mme Alheritiere répond que tant qu’il y a une pénurie, il y a un problème.
Elle mentionne que la demande ne fait que croître et elle remarque que des
crèches vont être créées et ne pourront pas ouvrir complètement, faute de
personnel. Elle ajoute qu’il n’y a pas de postes existants pour des éducateurs
de l’enfance hors du milieu des crèches.
Un commissaire S déclare qu’il y a donc un lapsus dans le titre de la
pétition.
Mme Alheritiere acquiesce et déclare que pour ouvrir une crèche, il faut un
taux de 60% d’éducateurs de l’enfance. Ce taux se justifiait jadis, car le 40%
restant était formé de personnes sans formation, notamment des mamans. Mais
elle mentionne que maintenant, ce 40% est formé d’ASE et déclare
qu’aujourd’hui, ce sont 90% de personnes formées qui fonctionnent dans
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l’encadrement des crèches. Elle remarque que ce modèle dépasse toutes les
autres réalités cantonales et européennes. Elle ajoute que c’est l’éducateur de
l’enfance qui gère les situations complexes, les ASE pouvant assumer les
tâches ordinaires. Elle remarque que les Vaudois ont aussi des éducateurs
sociaux, des éducateurs spécialisés, etc. qui interviennent dans le cadre des
crèches ; les Vaudois qui suivent un modèle plus pragmatique que Genève, qui
s’arc-boute sur le modèle des éducateurs de l’enfance.
Ce député demande où sont formés les ASE.
Mme Alheritiere répond que c’est le Centre de formation professionnelle
santé et social qui forme les ASE et qui comprend 450 étudiants. Elle ajoute
que les ASE peuvent se spécialiser avec les enfants ou avec les personnes
âgées, d’autres étant des généralistes.
Ce député demande si ces choix sont règlementaires ou politiques. Il a bien
compris que la magistrate ne serait pas contente si les écoles commençaient à
engager des éducateurs de l’enfance.
Mme Alheritiere répond que ces personnes sont formées pour pouvoir
travailler en dehors des crèches.
Ce commissaire déclare que cantonner ces personnes aux 0-4 ans est un
peu restrictif.
Mme Alheritiere répond que c’est un choix politique.
Ce député comprend bien la situation, mais il s’étonne du flou sur les motifs
qui ont entraîné cette situation.
Une députée Ve demande qui engage les éducateurs de l’enfance.
Mme Alheritiere répond que ce sont les crèches qui viennent les chercher
alors que les éducateurs sont encore à l’école.
Une députée Ve observe que si d’autres services les démarchaient, les
éducateurs de l’enfance pourraient être engagés.
Mme Alheritiere acquiesce.
Cette députée demande si elle connaît son homologue vaudois.
Mme Alheritiere répond que c’est M. Lugrin.
Une commissaire LC demande quand la décision d’encadrer les crèches à
hauteur de 60% a été prise. Elle mentionne que c’est ce taux d’encadrement
qui a finalement entraîné la pénurie.
Mme Alheritiere pense que c’est une décision qui a été prise il y a
longtemps. Elle rappelle que ce taux se justifiait, puisqu’il n’y avait pas d’ASE
à l’époque. Mais elle remarque que les ASE existent depuis 18 ans alors que
ce taux n’a pas bougé.
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Un député S déclare que l’office cantonal de la jeunesse est devenu l’office
cantonal de l’enfance et de la jeunesse. Il demande si les éducateurs de
l’enfance pourraient suivre la même dynamique en s’appelant éducateurs de
l’enfance et de la jeunesse. Il pense que cette professionnalisation s’est opérée
pour pallier la dimension plus artisanale qui préexistait jadis.
Mme Alheritiere répond que c’est un métier qui se professionnalise. Mais
elle déclare qu’il faut former non seulement des jeunes, mais également des
personnes plus âgées qui se reconvertissent. Elle signale ensuite qu’il y a des
enfants ayant des besoins spéciaux ; dans certaines crèches, plus de 60% des
enfants présentent des besoins spécifiques. Elle ne sent pas pour le moment de
tendance renforçant une professionnalisation. Cela étant, elle rappelle qu’au
cycle d’orientation, les besoins relèvent plutôt d’un encadrement social.
Discussion et vote
Un député S déclare que son groupe est prêt à voter cet objet. Il déclare que
le sujet est clair et il mentionne que son groupe propose le renvoi de cette
pétition au Conseil d’Etat. Il pense qu’il faudrait toutefois réfléchir à un autre
objet parlementaire pour modifier la situation, tant sous l’angle de la pénurie
que des restrictions.
Une députée LC partage l’opinion de son collègue S. Elle ne croit pas qu’il
y ait une intention volontaire de restreindre les débouchés professionnels des
éducateurs de l’enfance et que c’est bien la pénurie qui entraîne cette situation.
Elle pense aussi qu’il faut réfléchir au taux d’encadrement.
Une commissaire Ve déclare que son groupe renverra également cette
pétition au Conseil d’Etat, mais elle ne croit pas qu’il soit possible de négocier
la qualité de la formation. Elle estime que la pénurie dit quelque chose sur un
métier qui présente beaucoup de pression et peu de reconnaissance. Elle ajoute
que c’est le budget inhérent à cette profession qu’il faudrait réévaluer.
Le président passe au vote du renvoi de la P 2234 au Conseil d’Etat :
Oui :
13 (3 S, 2 Ve, 1 LC, 3 PLR, 2 UDC, 2 MCG)
Non :
–
Abstentions : –
Le renvoi de la P 2234 au Conseil d’Etat est accepté à l’unanimité.
de la République et canton de Genève
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Date de dépôt : 11 août 2025
Rapport
de la commission des pétitions chargée d’étudier la pétition :
Permettons aux éducateurs de la petite enfance de travailler dans
tous les milieux accueillant des enfants
Rapport de Jean-Marie Voumard (page 4)
ATAR ROTO PRESSE – 80 ex. – 08.25
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Pétition
(2234-A)
Permettons aux éducateurs de la petite enfance de travailler dans tous
les milieux accueillant des enfants
Nous, soussignés, demandons une réforme pour permettre aux éducateurs
de la petite enfance d’exercer leurs compétences et savoir-faire dans tous les
milieux où des enfants sont accueillis, et pas uniquement dans les crèches ou
les garderies.
Aujourd’hui, les éducateurs de la petite enfance possèdent une expertise
solide dans l’accompagnement au développement, à l’éducation et au bien-être
des jeunes enfants. Cependant, leur champ d’action reste souvent limité aux
structures d’accueil de la petite enfance. Nous croyons qu’ils peuvent jouer un
rôle clé dans des environnements variés, tels que :
– les écoles (écoles primaires, cycles d’orientation) ;
– les hôpitaux et services pédiatriques ;
– les centres de loisirs et autres activités extrascolaires ;
– les structures d’accueil d’urgence ou sociales ;
– tout autre cadre où des enfants sont pris en charge.
Pourquoi est-ce important ?
1. Favoriser le développement des enfants : Les éducateurs de la petite
enfance sont formés pour répondre aux besoins des jeunes enfants dans
toutes les dimensions de leur développement. Leur présence dans divers
milieux renforcerait l’encadrement des enfants au quotidien.
2. Répondre aux besoins croissants : De nombreux secteurs souffrent d’un
manque de professionnels formés pour s’occuper des enfants dans des
contextes spécifiques. La possibilité d’intégrer les éducateurs de la petite
enfance dans ces structures permettrait de répondre à ces besoins tout en
assurant une qualité d’accompagnement reconnue.
3. Valoriser et diversifier la profession : En élargissant le champ
d’intervention des éducateurs de la petite enfance, on reconnaîtrait leur
valeur ajoutée au-delà des crèches, tout en créant plus d’opportunités
professionnelles dans des secteurs variés. Cette réforme serait bénéfique
pour les enfants, les familles, et la société dans son ensemble.
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Nous demandons donc une révision des conditions d’emploi des éducateurs
de la petite enfance afin qu’ils puissent intervenir dans différents milieux où
sont accueillis des enfants, et ainsi contribuer pleinement à leur
développement.
Pour soutenir cette évolution et permettre aux éducateurs de la petite
enfance de mettre leurs compétences au service de tous les enfants, dans une
plus grande diversité de structures !!
N.B. 1 signature 1
Mme Rachel da Silva
Chemin du Premier-Août 5
1212 Grand-Lancy
1
Pour information, la pétition est en outre munie d’environ 323 signatures
électroniques.
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Rapport de Jean-Marie Voumard
La commission s’est réunie à trois reprises, soit les 3 février, 3 mars et
14 avril 2025 pour examiner cette pétition, sous la présidence de M. Alexis
Barbey. Mme Nadia Salama, secrétaire scientifique, a assisté nos travaux. Les
procès-verbaux ont été tenus par M. Christophe Vuilleumier.
Audition de M me Rachel Da Silva, pétitionnaire
Mme Da Silva prend la parole et explique être éducatrice de la petite enfance
depuis des années et avoir travaillé dans le milieu des crèches depuis l’âge de
15 ans. Elle ajoute avoir constaté que travailler ailleurs que dans les crèches
était impossible malgré son expérience. Elle mentionne que ce constat est
partagé, raison pour laquelle cette pétition a été déposée. Elle rappelle que les
éducatrices ont une formation leur permettant de s’occuper d’enfants de 0 à
12 ans et devraient donc pouvoir travailler hors des crèches. Elle remarque
qu’ouvrir les possibilités permettrait en outre d’éviter que les éducatrices
abandonnent cette activité.
Elle observe que d’autres cantons permettent aux éducatrices de travailler
dans tous les secteurs, ce qui n’est pas le cas à Genève. Elle signale que 30%
des éducateurs arrêtent leur activité et se réorientent, ce qui est très élevé par
rapport à d’autres branches.
Elle indique qu’il y a pourtant des manques, comme dans le domaine des
éducateurs spécialisés qui souffre d’une insuffisance de professionnels. Elle
rappelle que l’école d’éducateurs et les associations ont demandé que cette
formation soit ouverte, ce qui a toujours été refusé.
Le président demande s’il y a des possibilités de passerelle entre ES et HES.
Mme Da Silva acquiesce, mais elle déclare que cela implique deux ans
supplémentaires, ce qui n’est pas très léger. Elle signale alors que le foyer
Piccolo demande à ses employés le Bachelor HETS, et elle remarque qu’il
n’est visiblement pas possible de modifier cette situation en raison de la loi.
Elle évoque alors le service de surveillance et d’autorisation pour l’accueil de
jour et elle remarque que dans le canton de Vaud, le diplôme ES suffit.
Elle déclare encore que les éducatrices de la petite enfance ont répondu à
un questionnaire qui révèle que la rémunération est insuffisante, que la
reconnaissance est faible, qu’il est difficile de concilier vie professionnelle et
personnelle, et que l’évolution de carrière est difficile. Elle pense dès lors que
cette pétition pourrait permettre de pallier ce manque d’évolution et la faiblesse
de la reconnaissance. Elle remarque que Genève a plus de 3000 éducatrices de
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la petite enfance qui sont cantonnées aux crèches et qui pourraient intervenir
dans d’autres secteurs.
Une députée LC remarque qu’il y a donc les éducateurs de l’enfance, les
éducateurs spécialisés et les HETS, et elle demande quelles sont les filières et
les différences de compétences.
Mme Da Silva répond que le diplôme d’éducatrice de la petite enfance est
un diplôme ES alors que les éducatrices spécialisées sortent de la formation
HES. Elle remarque que l’éducatrice de la petite enfance suit une formation de
trois ans, la HETS offrant une formation de trois ans également avec une partie
en HES.
Cette même députée remarque donc que ceux qui choisissent la HETS
répondent à des exigences supérieures à l’entrée de la formation.
Mme Da Silva répond que ce sont deux sections différentes, l’éducatrice
spécialisée s’occupant des foyers alors que l’éducatrice de la petite enfance est
cantonnée à la petite enfance. Elle ajoute que les exigences sont similaires dans
les deux filières.
Une commissaire LC demande quelle est la compétence de plus qu’il faut
avoir pour travailler dans un foyer par rapport à une crèche.
Mme Da Silva répond que la plupart des gens partent sur la HETS qui offre
plus de débouchés.
Un député PLR demande quel est le niveau de diplôme dans l’une et l’autre
filière.
Mme Da Silva répond que la ES conduit à un diplôme spécialisé alors que
la HES mène à un bachelor.
Ce même député demande si ce diplôme spécialisé correspond à un CFC.
Mme Da Silva répond par la négative en mentionnant que le diplôme est
au-dessus du CFC.
Un commissaire PLR demande qui donne les formations.
Mme Da Silva répond que c’est l’Ecole supérieure d’éducatrices et
d’éducateurs de l’enfance, l’ESEDE.
Ce même commissaire ne comprend pas le lien entre l’ouverture du champ
et la pénurie d’effectifs.
Mme Da Silva répond que cela pourrait pousser les gens à suivre cette
formation. Elle répète que les gens préfèrent suivre d’autres formations qui
offrent plus de débouchés. Elle déclare qu’il y a 1740 éducateurs de la petite
enfance à Genève et indique que la municipalisation du domaine entraîne la
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suppression de certains postes dans plusieurs communes. Elle remarque
notamment que le nombre de postes de directrice ou d’adjointe diminue.
Un député PLR remarque que chaque canton semble fonctionner de
manière différente.
Mme Da Silva acquiesce et déclare que les éducateurs de la petite enfance
ne savent jamais à quel règlement se référer. Et elle remarque que la présence
des éducateurs français ne fait qu’ajouter à la complexité.
Ce même député demande si Genève propose le pire système.
Mme Da Silva répond que ce modèle ne donne pas envie de s’investir dans
ce domaine.
Un commissaire PLR demande quel serait dès lors le modèle idéal.
Mme Da Silva pense que le modèle vaudois est bien équilibré, les secteurs
des foyers et des écoles étant ouverts et représentant un grand intérêt pour les
éducateurs de la petite enfance.
Ce même député demande si le canton de Vaud rencontre également des
problèmes de pénurie.
Mme Da Silva répond que la pénurie est moins forte sur le canton de Vaud
qu’à Genève. Elle observe en revanche que les Vaudois préfèrent venir
travailler à Genève à cause des niveaux de salaire, ce qui entraîne une pénurie
dans ce canton. Elle rappelle que Genève a les plus hauts salaires du domaine.
Un député PLR remarque toutefois que le salaire ne fait pas tout.
Mme Da Silva pense, à titre personnel, que si l’on aime son métier, le salaire
est finalement secondaire.
Un commissaire S remarque que 30% de professionnels quittent la branche,
mais il mentionne que lorsque les gens entament cette formation, ils savent à
quoi s’attendre. Il observe que les conditions de travail difficiles se retrouvent
dans d’autres domaines. Il se demande s’il n’y a pas des contradictions.
Mme Da Silva répond qu’un député a déclaré qu’il était « facile de torcher
le cul des enfants », et elle pense qu’il y a un manque de reconnaissance du
rôle de l’éducatrice qui, selon de nombreuses personnes, joue avec les enfants.
Mais elle rappelle qu’il s’agit d’un travail qui pourrait être valorisé dans
d’autres secteurs comme les foyers. Elle rappelle que les éducatrices ont de
grandes connaissances et sont habilitées à faire des observations. Elle ajoute
que les éducatrices qui travaillent en crèche se lassent au bout de dix ans, et
elle pense que la perspective d’avoir d’autres débouchés serait la bienvenue.
Ce même député déclare qu’ouvrir le champ aux éducateurs de la petite
enfance risquerait en fin de compte de tarir le champ de la petite enfance.
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Mme Da Silva répond que les éducateurs de la petite enfance sont déjà en
diminution. Cela étant, les ASE sont en train de remplacer les éducatrices
progressivement. Elle ajoute avoir rencontré l’association genevoise des
éducatrices et éducateurs de l’enfance qui regroupe 300 membres et qui
soutient cette pétition.
Un député S demande si les matières sont les mêmes dans les deux
formations.
Mme Da Silva répond que chaque formation a ses propres modules, mais
elle déclare que d’autres professions comme les psychologues de la petite
enfance peuvent œuvrer dans ces domaines, contrairement aux éducateurs de
la petite enfance.
Un commissaire Ve demande si l’association faîtière a été contactée.
Mme Da Silva acquiesce et déclare que cette organisation soutient la
pétition.
Ce même député demande comment imaginer l’implication des éducatrices
de la petite enfance au sein de l’école.
Mme Da Silva répond qu’il y a des possibilités d’avoir des duos entre
l’enseignant et des intervenants à l’école primaire, et elle remarque que ces
derniers pourraient être des éducateurs. Elle répète plaider pour un regard plus
large qu’uniquement les crèches. Elle ajoute qu’en France, des éducateurs
travaillent également dans des hôpitaux. Elle remarque en effet que les
infirmières n’ont pas toujours le temps d’encadrer les enfants.
Un député S remercie Mme Da Silva pour sa pétition. Il demande quel est le
cadre légal.
Mme Da Silva répond ignorer la loi spécifique.
Ce même député déclare que le règlement de la petite enfance statue sur la
profession. Il demande si elle a eu des contacts avec le département.
Mme Da Silva répond avoir rencontré Mme Hiltpold qui a indiqué qu’une
ouverture de la profession risquerait d’inquiéter les communes, mais elle pense
que des réponses existent pour pallier ces craintes.
Une députée LC remarque qu’il semble préférable en fin de compte de
mener ses études dans le domaine en France ou dans le canton de Vaud.
Mme Da Silva acquiesce.
Un commissaire S demande quelle serait l’implication de cette profession
au cycle.
Mme Da Silva répond qu’il y a des élèves qui ont 11 ou 12 ans au cycle. Elle
ajoute que ces derniers ont des assistantes sociales et des spécialistes de
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l’orientation professionnelle, et elle pense qu’une éducatrice pourrait avoir une
vision plus pointue.
Ce même député demande ce qu’il faut penser de l’inclusion de la petite
enfance.
Mme Da Silva répond que l’éducatrice pourrait rappeler aux différents
intervenants que les enfants sont des enfants qui ont besoin de courir ou de
jouer.
Audition de Mme Anne Hiltpold, conseillère d’Etat, et de Mme Eléonore
Zottos, secrétaire générale adjointe – DIP
Mme Hiltpold prend la parole et explique que la profession dont il est
question porte sur l’enfance et non sur la petite enfance. Elle indique qu’il
existe un plan d’étude cadre sur cette profession en remarquant que ce titre ne
comporte pas de limitation à la petite enfance. Elle observe par ailleurs que le
canton de Vaud a choisi d’engager des éducateurs de l’enfance dans des
structures parascolaires. Cela étant, elle indique qu’il y a une très forte
demande pour ces éducateurs et éducatrices de l’enfance à Genève dans le
domaine de l’accueil préscolaire, raison pour laquelle les employeurs se
tournent vers d’autres professions dans plusieurs domaines en lien avec
l’enfance, comme des ASE, des éducateurs sociaux ou animateurs. Elle déclare
que des entités comme la FOJ peuvent donc normalement engager des
éducateurs de l’enfance. Elle ajoute que le problème relève ainsi de la pénurie
dans le domaine préscolaire et elle déclare qu’il convient de résoudre ce
problème avant d’engager ce type d’éducateurs dans d’autres secteurs. Elle
mentionne qu’il convient de former plus et de mieux faire connaître ce métier
et ses débouchés. Elle ajoute que des réflexions sont en cours sur des
passerelles avec la Haute école de travail social (HETS).
Elle mentionne que tout est possible sous l’angle règlementaire, mais qu’à
l’heure actuelle, il n’y a pas d’engagement en dehors du préscolaire en raison
de la pénurie. Elle observe en outre que ce personnel ne se sent pas valorisé et
aimerait parfois sortir de son secteur, ce que l’on peut comprendre, mais elle
mentionne que si le DIP engageait 50 éducateurs de l’enfance, le tollé au sein
des communes serait très important, communes qui se battent précisément pour
engager ce personnel.
Un député S mentionne que la pétition part d’un cas personnel, la
pétitionnaire expliquant que de nombreuses personnes se tournent vers
d’autres domaines, faute de perspectives. Il se demande quelle est la différence
entre la ES et la HETS.
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Mme Hiltpold répond qu’il faut une maturité pour entrer dans une HES,
alors qu’un certificat de l’ECG est suffisant pour une école supérieure. Les
niveaux ne sont donc pas les mêmes. Elle ajoute que la question d’un titre
inhérent à la formation HES se pose, mais elle remarque que le canton de
Genève ne peut pas décider seul de décerner ce titre, puisque cette formation
est de nature intercantonale. Elle ajoute que la perspective de passerelles vers
la HES semble ainsi préférable.
Un député PLR remarque que la HETS forme des éducateurs alors que la
ES est une école supérieure.
Mme Hiltpold acquiesce. Il s’agit de l’ESEDE, l’Ecole supérieure
d’éducatrices et d’éducateurs de l’enfance.
Ce même député demande quelles sont les compétences de la filière HES.
Mme Zottos répond que l’environnement de travail des éducateurs HES
n’est pas le même. Elle observe par exemple qu’une seule commune a engagé
des éducateurs de niveau HES pour accompagner des familles précarisées dans
les structures de la petite enfance ; un travail qui n’est pas de la même nature
que celui des éducateurs de l’enfance.
Mme Hiltpold observe que les cantons alémaniques ont plus d’écoles
supérieures que les cantons romands, qui ont des hautes écoles supérieures (le
système HES).
Audition de Mme Cindy Villar, coprésidente de l’AGEDE, et de Mme Marie
Gedovius, membre
Mme Gedovius prend la parole et déclare que la pétition est assez explicite.
Elle évoque l’importance d’un accompagnement professionnel dans
l’éducation de l’enfant, une importance qui ressort de plusieurs études et qui
fait l’objet de recommandations internationales. Elle ajoute que le problème à
Genève relève de la formation spécifique des EDE (éducatrices et éducateurs
de l’enfance), qui sont restreints à l’accompagnement de la petite enfance alors
que leurs compétences sont variées et couvrent plusieurs aspects. Elle indique
que la recherche est venue démontrer que les interactions professionnelles
jouent un rôle important pour le développement de l’enfant, puisque c’est à cet
âge que les connexions du cerveau se forment. Elle évoque encore les
transitions éducatives, soit le passage entre le premier accueil de l’enfant
(milieu familial, famille de jour, crèche…) et l’école enfantine, et elle déclare
qu’il existe un manque à ce niveau, ainsi que l’indique l’association Pro
Enfance.
Elle explique ensuite que la réforme qui est envisagée pourrait entraîner
des économies, car chaque franc investi dans le domaine entraîne
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indirectement un bénéfice oscillant entre 1,60 et 5,80 francs. Elle remarque que
les bénéfices sont également sociaux et impliquent notamment une réduction
des inégalités et le développement des potentiels. Elle déclare encore que cet
encadrement permet de défendre les droits de l’enfant, quel que soit son milieu.
Elle évoque encore d’autres cantons et observe que les EDE sont intégrés
dans les institutions spécialisées fribourgeoises avec des champs d’action
beaucoup plus larges qu’à Genève alors qu’à Neuchâtel, les EDE sont actifs
dans le domaine parascolaire. Elle estime que les EDE à Genève sont sousutilisés et pourraient être impliqués dans d’autres domaines, ce qui pourrait
susciter un renouvellement de l’intérêt pour le métier. Elle invite donc les
commissaires à étudier cette réforme de manière approfondie.
Mme Villar déclare que l’association AGEDE représente 300 membres sur
les 3000 EDE et elle remarque qu’un sondage a été réalisé auprès de ceux-ci.
Elle précise que 119 réponses ont été enregistrées. Elle mentionne qu’il ressort
de ce sondage que 95% des personnes pensent que ce métier serait plus attirant
si les domaines d’activité étaient ouverts, estimant que les formations sont
suffisantes pour ce faire. Elle explique encore que les personnes actives dans
ce domaine cherchent bien souvent à se renouveler après quelques années, et
elle remarque que des perspectives de débouchés plus variés entraîneraient un
regain d’intérêt et permettraient de pallier le manque d’éducateurs.
Une députée LC comprend mal les différences entre les différents types
d’éducateurs, observant que les EDE ne peuvent intervenir que dans les
crèches alors que c’est là que les besoins avérés semblent les plus criants. Elle
comprend qu’une ouverture de cette profession à d’autres domaines
entraînerait le financement de nouveaux postes et elle demande quel serait le
surcoût.
Mme Villar répond que les EDE sont issus de la filière ES, et non de la HES,
les éducateurs spécialisés étant reconnus pour leur part pour les enfants, les
personnes handicapées et les personnes âgées. Elle ajoute que les EDE, quant
à eux, sont spécialisés uniquement pour les enfants et l’accompagnement du
développement de ces derniers. Elle ajoute que les EDE sont par ailleurs moins
chers et remarque que ces derniers peuvent travailler en complémentarité avec
un enseignant pour des enfants qui ont des troubles, ce qui permet d’éviter de
recourir à des procédures plus spécialisées.
Mme Gedovius ajoute que cela implique un travail pluridisciplinaire.
Une commissaire LC déclare que lorsque le SASAGE (service
d’autorisation et de surveillance de l’accueil de jour) demande des éducatrices
HES pour des enfants, les EDE pourraient donc intervenir.
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Mme Villar acquiesce et déclare que le règlement actuel précise que les EDE
sont aptes pour l’accompagnement d’enfants préscolaires, mais aussi scolaires.
Une commissaire LC remarque qu’il faudrait changer le règlement
préscolaire qui oblige le recours à des éducateurs spécialisés.
Un député PLR pensait que les éducateurs ES étaient formés pour l’enfance
jusqu’à 12 ans.
Mme Gedovius acquiesce.
Ce même député ajoute que le problème est en fin de compte que cette
profession est très demandée, mais que la formation ne suit pas, ce qui empêche
finalement d’ouvrir la profession à d’autres domaines, indépendamment de
contraintes règlementaires.
Mme Gedovius répond que c’est en effet le cas.
Ce commissaire demande si des EDE ont essuyé des refus motivés par des
arguments portant sur une éventuelle formation insuffisante.
Mme Villar répond que le problème relève de l’impossibilité d’évolution
dans le domaine en dehors des crèches malgré les compétences des EDE, ce
qui entraîne une perte d’attrait pour le métier. Elle pense que les compétences
des EDE ne sont pas suffisamment mises en avant. Elle déclare que la plupart
des gens n’ont effectivement pas connaissance de la valeur de ce métier et des
dynamiques que ce dernier peut générer.
Un député PLR demande s’il y a des exemples.
Mme Villar répond que certains enfants encadrés par des éducateurs
spécialisés pourraient être pris en charge par des EDE. Elle précise en avoir
fait l’expérience.
Ce député demande de quelle réforme il est question dans la bouche de
Mme Gedovius.
Mme Gedovius répond qu’elle parlait de la pétition qui implique une
réforme.
Un commissaire S comprend que le métier devrait évoluer, mais il
remarque que les crèches manquent de professionnels, et il se demande si une
ouverture de ce métier ne risquerait pas de générer une pénurie d’autant plus
grande.
Mme Gedovius répond qu’une ouverture pourrait surtout motiver des jeunes
à s’investir dans cette profession, et donc pallier la pénurie.
Mme Villar ajoute que la pénurie d’éducateurs relève aussi des conditions
de travail qui sont pénibles, émotionnellement épuisantes, et elle pense que les
personnes qui resteraient en crèche seraient véritablement celles qui en ont
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envie. Elle ajoute que la perspective de mobilité professionnelle serait donc un
avantage.
Ce député demande si un complément de formation serait nécessaire.
Mme Villar répond que l’idée est d’être complémentaire avec les autres
professionnels, les EDE intervenant surtout au niveau du dépistage. Elle ajoute
qu’il n’est pas question de prendre la place d’une autre profession.
Un commissaire S évoque les services éducatifs itinérants qui impliquent
des éducateurs spécialisés dans les classes, et il demande s’il ne s’agit que de
personnes diplômées HES.
Mme Villar acquiesce.
Un député S remarque qu’un EDE ne serait donc pas reconnu dans ce
système non pas pour des raisons règlementaires, mais pour des raisons de
pénurie dans les communes.
Mme Villar répond que c’est l’une des raisons. Mais elle estime qu’il y a
aussi une méconnaissance des compétences des EDE.
Ce député demande si cette profession se masculinise.
Mme Gedovius répond qu’il y a 3 à 5 hommes sur une volée de 20 étudiants
cette année.
Mme Villar déclare que dans le cercle des ASE (assistantes et assistants
socio-éducatifs) qui accompagnent des enfants, des personnes âgées ou des
personnes en situation de handicap physique ou mental, il y a beaucoup plus
d’hommes.
Mme Gedovius ajoute que s’il y avait plus de débouchés dans le métier, il y
aurait plus d’hommes.
Une députée Ve demande si les ASE sont diplômés HES.
Mme Villar répond qu’il s’agit d’un apprentissage CFC.
Cette députée remarque donc que les personnes diplômées HES et les CFC
ont plus de débouchés que les EDE.
Mme Villar acquiesce.
Cette commissaire demande si les ASE doivent être supervisés.
Mme Villar acquiesce.
Une députée Ve remarque que le département a indiqué qu’une ouverture
du métier entraînerait des carences dans les communes et elle se demande ce
qu’il faut en penser.
Mme Villar répond qu’à terme, en l’état, des crèches devront fermer,
puisqu’il n’y aura plus suffisamment de personnel. Elle déclare que c’est l’une
des raisons pour lesquelles il faut trouver une solution.
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Cette députée mentionne qu’une ouverture sur d’autres débouchés
risquerait de générer quelques années difficiles avant que la situation puisse
s’équilibrer.
Mme Villar remarque qu’une ouverture permettrait d’augmenter le nombre
d’étudiants et de varier le cadre professionnel d’un certain nombre de
personnes en poste qui, dès lors, seraient plus motivées. Elle pense que la
qualité devrait être la principale préoccupation.
Une députée Ve remarque que multiplier les débouchés semble plus
important que de réfléchir aux conditions de travail et d’améliorer ces
dernières. Elle ajoute que la pénurie d’éducateurs est le souci principal.
Un député S demande si, pour valoriser ce métier, la seule solution consiste
à multiplier les débouchés.
Mme Gedovius répond par la négative et déclare qu’une reconnaissance
HETS serait également judicieuse.
Mme Villar déclare que le combat pour faire passer la formation des
éducateurs de l’enfance sous le statut des hautes écoles est maintenant ancien
et elle mentionne que cette reconnaissance permettrait de mettre à niveau les
personnes ES et celles HES.
Un commissaire S déclare ne pas avoir entendu que le métier était mal payé,
et il se demande si c’est un argument.
Mme Gedovius répond qu’une revalorisation salariale découlerait
inévitablement d’une reconnaissance HETS.
Le président demande s’il existe une passerelle entre éducateurs de
l’enfance et HETS.
Mme Villar acquiesce. En revanche, elle n’est pas certaine des conditions.
Elle demande pourquoi la Commission a demandé l’avis de l’AGEDE.
Audition de Mme Valérie Alheritiere, directrice du centre de formation
professionnelle auquel appartient l’ESED
Mme Alheritiere prend la parole et déclare que c’est un plan d’étude cadre
fédéral qui précise la formation des éducateurs de l’enfance, de 0 à 12 ans. Elle
ajoute que le cas de Genève est très particulier, puisque dans le canton de Vaud,
ce sont les éducateurs de l’enfance qui gèrent le parascolaire. Elle remarque
qu’il n’y a donc pas de contre-indication à recruter des éducateurs de l’enfance
dans d’autres cadres que les crèches, à l’exception peut-être du cycle
d’orientation. Elle remarque que la formation permet aux éducateurs de
l’enfance de travailler dans tous les milieux qui voient la présence d’enfants
de 0 à 12 ans. Elle mentionne que des stages sont d’ailleurs organisés avec des
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classes 1P et 2P et le parascolaire. Elle précise que c’est le nombre restreint
d’éducateurs de l’enfance qui représente une contrainte.
Un député S remarque qu’il est donc question des éducateurs de l’enfance,
et non de la petite enfance.
Mme Alheritiere acquiesce.
Ce député demande s’il n’y a pas une harmonisation de la formation à
envisager.
Mme Alheritiere répond que cette formation relève du tertiaire B et nécessite
des personnes qui ont du leadership, qui organisent des projets et les
développent. Elle mentionne que ce sont les éducatrices qui sont responsables
dans les crèches, non seulement de la sécurité, mais aussi de la pédagogie. Il y
a beaucoup de compétences transversales dont l’application diffère selon le
milieu. Elle remarque que les étudiants réalisent des stages tout au long de leur
formation, et elle observe qu’il serait possible de déployer des stages dans
d’autres milieux.
Ce même commissaire demande si les éducateurs de l’enfance ont des
possibilités d’évolution professionnelle à l’heure actuelle.
Mme Alheritiere répond qu’il y a une pénurie d’éducateurs de l’enfance, ce
qui implique que tous les étudiants ont un travail à la sortie des études, mais
elle déclare qu’il n’y a effectivement pas de très nombreuses possibilités
d’évolution. Elle remarque que la problématique est un peu similaire à celle
des infirmières. Elle indique que des passerelles sont en train d’être étudiées,
notamment en cours d’emploi. Elle remarque qu’ouvrir les perspectives
pourrait peut-être diminuer la pénurie, puisque l’attractivité de ce métier serait
renforcée.
Un député S demande si elle soutient la pétition telle que rédigée.
Mme Alheritiere répond que tant qu’il y a une pénurie, il y a un problème.
Elle mentionne que la demande ne fait que croître et elle remarque que des
crèches vont être créées et ne pourront pas ouvrir complètement, faute de
personnel. Elle ajoute qu’il n’y a pas de postes existants pour des éducateurs
de l’enfance hors du milieu des crèches.
Un commissaire S déclare qu’il y a donc un lapsus dans le titre de la
pétition.
Mme Alheritiere acquiesce et déclare que pour ouvrir une crèche, il faut un
taux de 60% d’éducateurs de l’enfance. Ce taux se justifiait jadis, car le 40%
restant était formé de personnes sans formation, notamment des mamans. Mais
elle mentionne que maintenant, ce 40% est formé d’ASE et déclare
qu’aujourd’hui, ce sont 90% de personnes formées qui fonctionnent dans
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l’encadrement des crèches. Elle remarque que ce modèle dépasse toutes les
autres réalités cantonales et européennes. Elle ajoute que c’est l’éducateur de
l’enfance qui gère les situations complexes, les ASE pouvant assumer les
tâches ordinaires. Elle remarque que les Vaudois ont aussi des éducateurs
sociaux, des éducateurs spécialisés, etc. qui interviennent dans le cadre des
crèches ; les Vaudois qui suivent un modèle plus pragmatique que Genève, qui
s’arc-boute sur le modèle des éducateurs de l’enfance.
Ce député demande où sont formés les ASE.
Mme Alheritiere répond que c’est le Centre de formation professionnelle
santé et social qui forme les ASE et qui comprend 450 étudiants. Elle ajoute
que les ASE peuvent se spécialiser avec les enfants ou avec les personnes
âgées, d’autres étant des généralistes.
Ce député demande si ces choix sont règlementaires ou politiques. Il a bien
compris que la magistrate ne serait pas contente si les écoles commençaient à
engager des éducateurs de l’enfance.
Mme Alheritiere répond que ces personnes sont formées pour pouvoir
travailler en dehors des crèches.
Ce commissaire déclare que cantonner ces personnes aux 0-4 ans est un
peu restrictif.
Mme Alheritiere répond que c’est un choix politique.
Ce député comprend bien la situation, mais il s’étonne du flou sur les motifs
qui ont entraîné cette situation.
Une députée Ve demande qui engage les éducateurs de l’enfance.
Mme Alheritiere répond que ce sont les crèches qui viennent les chercher
alors que les éducateurs sont encore à l’école.
Une députée Ve observe que si d’autres services les démarchaient, les
éducateurs de l’enfance pourraient être engagés.
Mme Alheritiere acquiesce.
Cette députée demande si elle connaît son homologue vaudois.
Mme Alheritiere répond que c’est M. Lugrin.
Une commissaire LC demande quand la décision d’encadrer les crèches à
hauteur de 60% a été prise. Elle mentionne que c’est ce taux d’encadrement
qui a finalement entraîné la pénurie.
Mme Alheritiere pense que c’est une décision qui a été prise il y a
longtemps. Elle rappelle que ce taux se justifiait, puisqu’il n’y avait pas d’ASE
à l’époque. Mais elle remarque que les ASE existent depuis 18 ans alors que
ce taux n’a pas bougé.
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Un député S déclare que l’office cantonal de la jeunesse est devenu l’office
cantonal de l’enfance et de la jeunesse. Il demande si les éducateurs de
l’enfance pourraient suivre la même dynamique en s’appelant éducateurs de
l’enfance et de la jeunesse. Il pense que cette professionnalisation s’est opérée
pour pallier la dimension plus artisanale qui préexistait jadis.
Mme Alheritiere répond que c’est un métier qui se professionnalise. Mais
elle déclare qu’il faut former non seulement des jeunes, mais également des
personnes plus âgées qui se reconvertissent. Elle signale ensuite qu’il y a des
enfants ayant des besoins spéciaux ; dans certaines crèches, plus de 60% des
enfants présentent des besoins spécifiques. Elle ne sent pas pour le moment de
tendance renforçant une professionnalisation. Cela étant, elle rappelle qu’au
cycle d’orientation, les besoins relèvent plutôt d’un encadrement social.
Discussion et vote
Un député S déclare que son groupe est prêt à voter cet objet. Il déclare que
le sujet est clair et il mentionne que son groupe propose le renvoi de cette
pétition au Conseil d’Etat. Il pense qu’il faudrait toutefois réfléchir à un autre
objet parlementaire pour modifier la situation, tant sous l’angle de la pénurie
que des restrictions.
Une députée LC partage l’opinion de son collègue S. Elle ne croit pas qu’il
y ait une intention volontaire de restreindre les débouchés professionnels des
éducateurs de l’enfance et que c’est bien la pénurie qui entraîne cette situation.
Elle pense aussi qu’il faut réfléchir au taux d’encadrement.
Une commissaire Ve déclare que son groupe renverra également cette
pétition au Conseil d’Etat, mais elle ne croit pas qu’il soit possible de négocier
la qualité de la formation. Elle estime que la pénurie dit quelque chose sur un
métier qui présente beaucoup de pression et peu de reconnaissance. Elle ajoute
que c’est le budget inhérent à cette profession qu’il faudrait réévaluer.
Le président passe au vote du renvoi de la P 2234 au Conseil d’Etat :
Oui :
13 (3 S, 2 Ve, 1 LC, 3 PLR, 2 UDC, 2 MCG)
Non :
–
Abstentions : –
Le renvoi de la P 2234 au Conseil d’Etat est accepté à l’unanimité.